Yann Lacroix - Peindre l’incertitude

Par Agathe Anglionin3 octobre 2024In Articles, 2024, Revue#33

 

 

La peinture de Yann Lacroix, né en 1986, se concentre principalement sur la représentation de paysages, explorant les thèmes de la mémoire, de la perception et de la temporalité. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand en 2010, c’est lors d’un échange Erasmus à Porto au Portugal que son travail va s’orienter vers ses thèmes de prédilection. S’en suivra un parcours riche en résidences artistiques à travers le monde, en Asie, en Europe et en Afrique, qui renforcera cette orientation. Il se fera rapidement connaître pour son approche unique du paysage qu’il interprète à travers des compositions oniriques et atmosphériques, capturant des lieux réels ou imaginaires, souvent baignés d’une lumière douce et enveloppante.

D’abord inspirée par l’Auvergne, son œuvre va s’enrichir progressivement de sa propre vision poétique du monde. Qu’il s’agisse de références à l’univers médiéval qui le fascine par ses apports chromatiques, esthétiques et artistiques, ou de sa mémoire visuelle accumulée au gré de ses pérégrinations, ses compositions sont marquées par une sensibilité particulière à la lumière et à l’atmosphère fantomatique.

Au fil de sa pratique, le paysage va s’inscrire de plus en plus dans une dimension géographique et chronologique. Composé de strates et d’artefacts archéologiques, il devient, aux yeux de l’artiste, un véritable révélateur de l’Histoire en mouvement, offrant des indices sur l’humanité et son évolution. Ainsi, les nombreuses représentations d’une nature entremêlée à des éléments d’architecture deviennent une allégorie du temps qui passe.
Initialement conçu comme un projet vague, Yann Lacroix va tester le motif qu’il a choisi de représenter sans aucune idée précise du rendu final. Il peint ainsi plusieurs tableaux simultanément. En travaillant en transparence avec la technique du glacis, l’artiste parvient à créer la matérialité à partir de ses hésitations et de ses incertitudes, lesquelles sont nourries de la mémoire et de l’expérience acquises en les travaillant.

C’est au fil du temps, à force de regards, que vont se révéler les atouts et les défauts de chaque œuvre qu’il va alors exploiter, entretenant ainsi une incertitude du temps et de l’espace qu’il aime bien conserver au cours du processus créatif. Ne demeurent au final que les indices que l’artiste a voulu laisser. Pour Yann Lacroix, l’acte de peindre est toujours marqué par un avant et un après, à l’image de ses motifs paysagers qui échappent à la représentation du présent mais capturent le passage insaisissable entre un passé révolu et un futur en devenir. C’est cette temporalité floue qui leur confère une sorte d’éternité indéfinissable, à la fois subtile et intensément présente, où le temps semble suspendu.

Il a participé le 19 septembre au Jour des peintres au Musée d’Orsay, initiative de l’artiste Thomas Lévy-Lasne qui y a présenté 80 peintres contemporains afin de mettre en lumière la diversité et la vitalité de la scène artistique française.

 

 

Infos

Exposition personnelle à la Galerie Anne-Sarah Bénichou
Du 5 octobre au 16 novembre 2024
45 rue Chapon Paris 4e

Art Basel Paris avec la Galerie Selma Feriani
Du 18 au 20 octobre 2024
Grand Palais