“Vues”. Paysages d’aujourd’hui d’après Hubert Robert à Chamarande

 

Prenant comme point de départ le tableau d’Hubert Robert qui accueille le visiteur à Chamarande : une « Vue du château » de 1785, l’association COAL (coalition pour l’art et le développement durable), commissaire associé, invite 15 artistes contemporains à réinvestir la peinture de paysage, un genre qui mêle nature réelle et fantasmée, et innerve toute l’histoire de l’art. Chacun à sa manière s’empare des codes de la représentation environnementale et rejoint les questionnements menés au Domaine de Chamarande, inscrit au patrimoine historique et centre d’art contemporain depuis 2001. Comment l’histoire du paysage influence t-elle notre regard ? Comment l’artiste modifie t-il notre perception d’un monde en perpétuelle mutation ? Quelle place tiennent nos projections anciennes et futures sur la nature ? Le tout sous l’angle de la continuité (technique et motifs employés) et non de la rupture.

La scénographie, avec cette cimaise en bois qui court d’une salle à l’autre,  ornementée comme au XIXè siècle, facilite des interactions fortes avec le parc à l’extérieur. Ainsi Laurent  Grasso, en vis-à-vis d’Hubert Robert, pose d’emblée la question de la filiation et de la réappropriation, comme si les arbres d’inspiration italienne de sa scène dionysiaque renvoyaient aux pins toscans du maître. Réappropriation également chez Cyprien Gaillard avec ces gravures ou eaux-fortes de Rembrandt, dans lesquelles il introduit des bâtiments modernistes contemporains ; ou encore Guillaume Bresson, avec la technique de la grisaille et ses effets de trompe l’œil. A signaler la présence de deux artistes en résidence à Chamarande Stefan Shankland, qui réactive le principe  de la vedute à partir de sources plus populaires : les cartes postales, ou Etienne de France, qui se lance le défi d’un périple hors de toute contagion, avec la société dans la peau d’un animal, entre l’Essonne et sa maison familiale en Bourgogne. Le paysage se conjugue alors au futur antérieur, et d’espace de liberté devient acte de résistance et de contestation. COAL à Chamarande inscrit durablement les enjeux sociétaux et environnementaux d’une culture de l’écologie, faisant de ce lieu un véritable laboratoire pluridisciplinaire, ouvert au monde et en phase avec les spécificités de son territoire.

 


Infos :

Domaine de Chamarande, Essonne
38 rue du Commandant Maurice Arnoux
jusqu’au 30 mars