Les Nouvelles Folies Françaises

 

Pour la première fois, les magnifiques espaces du château et des jardins (signés Le Nôtre) de Saint-Germain-en-Laye accueillent une exposition d’art contemporain. Une première pleinement réussie ! Les artistes auxquels le commissaire et écrivain Patrick Amine a fait appel ont su dialoguer, parfois discrètement, parfois avec brio, avec les traces de la royauté (Louis XIV est né là).

Dans la chapelle, Valentin Van Der Meulen nous accueille avec un très grand dessin au fusain, où l’on reconnaît une naissance, la sortie au jour d’une nouvelle vie, comme une offrande. L’artiste vient régulièrement avec une grosse gomme effacer une partie de son dessin, le transformant en vanité vouée à la disparition. Le noir et blanc éloigne pourtant toute idée de violence, mais la mort, pendant de la naissance, est palpable.

Vanité encore dans la sculpture de Jan Van Oost : un baiser, deux beaux corps lisses et polis enlacés, dont les visages sont ceux de squelettes, et qui sont envahis peu à peu par le chaos du marbre brut.

Dans la salle d’exposition, une robe en scarabées de Jan Fabre, corps absent sublimé par les carapaces, ressuscite les figures royales qui ont hanté ces lieux.

Y répondent les singulières gravures d’insectes de Lee Bae, qui a percé par l’arrière les plaques de bois peintes en blanc avec des agrafes. Les échardes dessinent les corps avec une précision étonnante, et les buts d’agrafes visibles donnent un aspect cuivré plein de délicatesse.

Il faudrait aussi parler de la couronne géante de Vincent Olinet, allusion aussi bien aux fastes de la royauté qu’à notre époque bling-bling. De la belle « maquette vidéo » de Samuel Rousseau réinventant les jardins à la française, des statues de sel de jean-Pierre Formica, évoquant la lente action du temps et de la nature.

La promenade se poursuit jusqu’à la terrasse d’où l’on peut voir toute la région, jusqu’à Paris, en passant devant la « colonne Pascale » de Pascale Mathine Tayou, clin d’oeil à la colonne trajane dont un moulage est visible dans les douves. Plus loin, dans un sous-bois sombre, des radiographies rétro-éclairées de Yu Sung Il tentent de retrouver notre identité intérieure.

Notons encore l’éléphanteau blessé de Pascal Bernier, ou les brouettes déversant leurs branchages en une sculpture de Bob Verschueren, quasiment symétrique, bien dans l’esprit des jardins à la française, où il reste tant d’autres oeuvres à découvrir…

 


Infos :

Château de Saint-Germain-en-Laye
place Charles-de-Gaulle
jusqu’au 14 octobre