Florian Mermin au Palais Idéal
Diplômé des Beaux-Arts de Paris, Florian Mermin s’impose par une pratique singulière où la céramique devient un langage de chair et de mémoire. Avec Le Parfum des absents, l’artiste investit le Palais Idéal du Facteur Cheval. Ses sculptures, produites lors de sa résidence à Moly-Sabata, y trouvent un écho immédiat et prolongent l’univers foisonnant du monument.
Le titre de l’exposition fait écho à une phrase gravée par Ferdinand Cheval sur son Palais, «Les morts ne sont pas les absents, mais les invisibles ». L’artiste s’en empare pour donner forme et densité à cette invisibilité.
Dès la première salle, un parfum de rose poudrée s’impose à nous. Invisible mais persistant, il affirme une présence fragile et tenace, telle la trace des disparus qui continuent d’habiter la matière et la mémoire. Dans cette même salle, des photographies de l’artiste ouvrent le parcours, en écho à celles déjà prises dans le Palais par d’autres artistes, dont Dora Maar. Les sculptures présentées dialoguent avec l’architecture du Palais Idéal et introduisent des présences charnelles et hybrides qui associent animal et végétal, sacré et profane. Fleurs, ailes, épines et insectes composent un monde à la fois sensuel et funèbre, où chaque beauté porte sa propre ombre. La lumière du lieu et sa structure massive mais aérienne modulent la perception des œuvres. Leurs surfaces gardent parfois l’empreinte des mains qui les ont façonnées, comme celles visibles sur les sculptures du Palais.
Plusieurs motifs emblématiques structurent ce langage. La rose, fleur d’amour et de deuil, surgit avec éclat, parfois dissimulant une araignée tapie. Cette figure incarne la menace autant que la patience, rappelant le geste obstiné de la tisseuse qui construit sa toile. Le papillon traduit quant à lui l’ambivalence de la métamorphose, fragile et brève mais éclatante. Ces symboles ne s’opposent pas, ils coexistent dans une même tension poétique où naissance et disparition, offrande et perte, émerveillement et deuil se rejoignent.
Le Palais Idéal résonne avec cette esthétique. Tout comme Ferdinand Cheval érigea son monument pierre après pierre dans un geste solitaire et acharné, Florian Mermin construit un univers où chaque forme est le fragment d’un songe. Ses sculptures se dressent comme des reliquaires contemporains, gardiens d’une mémoire collective et intime.
Le Parfum des absents rend hommage aux invisibles, aux disparus et aux métamorphoses. Elle offre une expérience où la matière conserve le souvenir et prolonge les songes, inscrivant la création de Florian Mermin dans la continuité d’un lieu dont l’histoire résonne avec la sienne, celle d’une création obstinée, née de l’imaginaire et de l’intime.
Infos pratiques :
Le Parfum des absents
Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives, Drôme
Jusqu’au 11 novembre 2025

























