Bryce Delpanque, une peinture entre deux mondes
Né en 1993, l’artiste diplômé de la Villa Arson en 2021 vit et travaille à Paris, où il est actuellement résident au sein de Poush Manifesto. En 2024, il a reçu le Prix Carré sur Seine qui récompense de jeunes artistes pour l’originalité de leur démarche.
La pratique picturale de Bryce Delplanque s’inscrit dans une approche figurative, puisant autant dans l’histoire de l’art que dans l’imagerie populaire contemporaine. Sa recherche développe un vocabulaire visuel fondé sur l’appropriation et la reproduction d’images. En considérant l’image non seulement comme sujet, mais aussi comme véritable médium de création, il interroge les hiérarchies esthétiques et culturelles. L’artiste conçoit la peinture comme un objet à part entière, presque sculptural, oscillant entre décoratif et conceptuel.
Certaines de ses œuvres, en particulier dans la série MeetLife, sont montées sur des châssis épais, peints sur les côtés, et revendiquent une forte présence physique. Cette série instaure un dialogue nuancé entre les codes de la nature morte occidentale et des éléments empruntés de l’estampe japonaise, entre traditions européennes et influences orientales, mêlant références érudites et formes anodines.
Cette série se construit autour de deux obsessions fondatrices, selon les mots de l’artiste. La première concerne la nature morte et le pouvoir de la peinture à transfigurer des objets banals, dépourvus de valeur esthétique immédiate. La seconde porte sur la perspective singulière des estampes japonaises, dont la structure spatiale influence discrètement la composition de ses images. Chacune des œuvres débute par une scène en fusain noir et blanc, réalisée avec un réalisme minutieux, avant d’être troublée par l’apparition d’un objet coloré emprunté à l’esthétique ukiyo-e, littéralement « images du monde flottant ». Cette irruption crée une dissonance visuelle forte, qui active un double regard, à la fois classique et contemporain, intime et étrange. MeetLife propose ainsi une relecture contemporaine de la nature morte, entre rigueur classique et dissonance poétique, entre figuration savante et résonance populaire.
L’introduction d’éléments incongrus dans un cadre apparemment maîtrisé permet ainsi de détourner les codes du genre pour interroger la manière dont les objets parlent, traversent les cultures, se chargent de mémoire ou de récit. L’artiste compose des images hybrides où la précision du dessin dialogue avec l’inattendu. Ce jeu de contrastes, visuels, culturels, temporels, engendre un memento mori revisité, dans lequel les objets ne disent plus seulement la vanité du monde mais aussi sa persistance symbolique.
Infos pratiques
A month of Sundays
Jusqu’au 31 octobre
Galerie La Peau de l’Ours, Bruxelles
























