Biennale PhotoClimat 2025
Destinée à sensibiliser tous les publics aux enjeux sociaux et environnementaux, la biennale se déploie à Paris pour sa troisième édition, de la place de la Concorde à la place Saint-Sulpice en passant par les quais de Seine et d’autres lieux. Illustrant le travail d’artistes et d’ONG sur le terrain, plusieurs pôles thématiques se distinguent, des problématiques liées à la biodiversité, aux conflits, au climat, à la condition des femmes, à la pollution des océans et à la préservation de la forêt.
Nicolas Henry, directeur artistique et fondateur de PhotoClimat, nous annonce créer Place de la Concorde un espace où l’art devient un plaidoyer. L’architecte Arthur Mamou-Mani opère « une réconciliation entre l’art et la robotique » et la met au service du plus grand nombre grâce à son FabLab, « un laboratoire où toute personne ayant une idée peut utiliser la technologie numérique ». Pour cette édition, l’installation éco-responsable en bois évoque les ailes d’un oiseau. Au centre de la Place de la Concorde s’expriment des langages visuels très personnels et engagés, notamment Gab Mejia, mixant photo et dessins avec la mythologie grâce au soutien de l’Alliance pour la préservation des forêts. Dans des compositions aux nuances oscillant entre le rose pâle et le sépia la photographe Juliette Andréa Elie fait cohabiter plusieurs lectures à la fois. Tout s’entremêle, tel un humus pensé et réfléchi couches de feuilles et fleurs et essais avec le papier dans une action combinée des éléments, de la nature et de la lumière, qui, sculptés à la pointe sèche, sont le fruit de superpositions de tirages photographiques sur des papiers translucides. Soutenue par la Fondation Avril, œuvrant à l’appui du monde agricole et des acteurs des territoires en France et à l’international, elle créé des hybridations corps/paysage. Il s’agit de rendre palpable cette sensation d’être traversé par un lien autant qu’il nous traverse. En parallèle, le projet, proposé par Sandrine Elberg et soutenue par Médecin du Monde tisse les liens entre précarité, exil et santé environnementale, à travers une approche photographique expérimentale et métaphorique mêlant silhouettes, objets, paysages fragmentés et matières organiques.
Les propositions des différentes ONG ont donné carte blanche aux artistes afin d’installer la nature en tant que réflexion et de la sortir de son rang d’objet.
A la question d’où venez-vous? Diogène répondit : « je suis citoyen du cosmos ». Par association d’idées, cette crise climatique a atteint une telle ampleur qu’elle déclenche des effets collatéraux qui connaissent leur propre dynamique. D’après Bruno Latour, la nature n’est pas une victime à protéger, mais serait « ce qui nous possède ». Il faut donc refuser de penser que les humains puissent agir de l’extérieur, sur une nature dont ils seraient séparés. Comme exemple, dans la jungle amazonienne, Nicolas Reynard a rencontré les Matis qui perpétuent un mode de vie respectueux des cycles de la nature. Le photographe, exposé Place St-Sulpice, souhaite par son travail les soutenir pour qu’ils réussissent à poursuivre leurs traditions.
Le Prix Photo Sociale, porté par l’association L’Oeil Sensible, attire l’attention sur les enjeux sociaux, à travers le regard de photographes engagés, témoins des réalités vécues par les plus vulnérables. Après avoir débuté dans des studios de photographie en Afrique, Sinaï Medine, qui vit aujourd’hui en France, s’est tourné vers le documentaire, influencé par son parcours personnel. Ses sujets explorent la justice sociale, la migration et l’exil, tant en France qu’à l’étranger.
Voies navigables de France présente au fil de l’eau le travail de Juliette Agnel et Charlotte Pargue. À travers une série de photographies souvent nocturnes, la première interroge ce qui se tient entre les choses : le souffle du vent, la mémoire végétale, la présence silencieuse des éléments. Le canal devient pour elle un lieu de résonance où le temps s’étire et se trouble, où la nature, l’histoire et le symbolique se fondent. Ce fil d’eau vivant relie les lieux, les hommes, les gestes passés et les vies à venir. Tandis que Charlotte Pargue défend ses propos par des illustrations de la faune et végétaux traversés par l’eau. L’Académie du climat présente Mending the earth par Robert et Shana Parkel Harrison mêlant performance, sculpture et narration visuelle. Leur travail explore les relations entre l’humain, la nature et la technologie, à travers des images poétiques. Leurs œuvres sont réalisées en combinant photographie argentique, collage, peinture et construction de décors.
En transformant l’espace public en galerie à ciel ouvert, l’événement rappelle qu’au-delà de l’esthétique, l’image peut être un levier puissant d’action et de mobilisation citoyenne.
Infos pratiques :
Biennale PhotoClimat
Place de la Concorde – Quais de Seine – Académie du Climat – Place Saint-Sulpice
Jusqu’au 12 octobre



























