AKI KURODA : COMME UN POISSON DANS L’EAU

Des graffitis, certains en 3D, un immense guerrier solaire de bande dessinée, des éléments du folklore japonais, une petite construction en bois ajourée (salon de thé ? ), une installation d’assiettes et de tasses, intactes ou brisées, des vidéos, des dessins, de la peinture, de la musique, des performances… Aki Kuroda ou : rien de ce qui est artistique ne lui est étranger.

Son dessin, qui tient autant de Picasso que de Basquiat, voire d’Artaud, fait une sorte de pont entre art moderne et art contemporain.

La figure féminine, par exemple, stylisée, comme un signe plutôt qu’une figure, fait penser aux idoles cycladiques, et fonctionne comme un passeur : Aki Kuroda mêle passé, présent et futur avec des éléments disparates, mais qui composent un monde foisonnant parfois noir et blanc, parfois vibrant de couleurs comme celles des poissons des récifs coralliens.

L’artiste investit pour la première fois, avec cette exposition à l’aquarium de Paris, le monde des océans. Une impression étonnante : ce qui est étrange ici, ce sont les poissons ! Le technologique côtoie l’intemporel de ces animaux qui tournent indéfiniment, loin des gesticulations des hommes : un performeur solipciste qui danse sur une musique qu’il est seul à entendre, ou l’image de l’artiste en très grand format, hachée, coupée, découpée, sur le fond (vertical) d’un bassin, accompagnée par une musique tonitruante.

La figure de la sirène marque une irruption de la mythologie dans notre contemporanéité.

Le Japon apparaît ici ou là, à travers ces dragons de papier qui, accrochés au mur comme des tableaux, dégonflés, pendent lamentablement, privés d’air, mais pleins de promesses de voyages célestes.

Les fils s’entrecroisent et tissent une toile où Aki Kuroda capture l’univers entier.

C’est un ogre : il lui faut tout, micro et macrocosme. Il veut embrasser la totalité de ce qui existe. Peut-on parler d’art total ?

Une visite à faire en famille pour se laisser envoûter par les pensionnaires des aquariums, et surprendre par les oeuvres d’Aki Kuroda.

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

Aquarium de Paris

dans les jardins du Trocadéro, Paris

jusqu’au 11 novembre 2018