AKAA fête ses 10 ans !
Cette foire dédiée aux scènes africaines et afro-descendantes a su s’imposer en France depuis 2015 et reste un moment incontournable de la Paris Art Week. Avec cette nouvelle édition elle continue d’être une plateforme engagée, un espace de découvertes et de rencontres pour les professionnels et pour un public de plus en plus nombreux. Elle accueille un nouveau directeur artistique, Sitor Senghor, collectionneur-galeriste puis commissaire indépendant investi dans la promotion de l’art africain depuis de nombreuses années.
« Depuis les fresques rupestres jusqu’à l’art d’aujourd’hui, l’Afrique a confié à ses artistes la mission d’être les intercesseurs entre le visible et l’invisible… » nous explique-t-il. Les professionnels du milieu de l’art et les amateurs occidentaux ont compris que ces créateurs étaient inspirants dans de nombreux domaines bien au-delà des frontières de ce continent et loin des clichés.
Malgré un marché de l’art mondial en ralentissement, AKAA garde le cap et conserve un nombre constant de galeries participantes, une quarantaine de galeries avec plus de 70 artistes qui permettent de montrer des œuvres variées et de qualité dans un écosystème qui se veut dynamique. Pour ce faire la fondatrice Victoria Mann et Sitor Senghor ont invité trois personnalités internationales, Mamadou-Abou Sarr (Chicago), Eve Therond (New-York) et Andy Amadi Okoroafor (Nigeria) à ne retenir que les meilleures propositions.
La matière sera le vecteur de sens cette année selon l’axe curatorial, et un moyen d’expression pour questionner les héritages coloniaux, la transmission, et les questions d’identité. En effet, l’utilisation de matériaux locaux, naturels ou artisanaux permet de transmettre des symboliques ancestrales et des savoir-faire hérités qui varient selon les régions et les peuples. De la fusion entre tradition et modernité, et notamment l’utilisation de nouvelles technologies, naissent des œuvres pleines de sens qui croisent différentes esthétiques.
Sitor Senghor organise cette année deux expositions qui résonnent avec les enjeux contemporains africains. Terre Mère célèbre la céramique africaine où la terre est matière première et mémoire vivante, comme pour AnneAgma (Galerie Sailly) ou Pauline Guerrier (Galerie Romero Paprocki). L’autre proposition, ayant pour titre Maîtriser, révèle la force d’artistes engagés et confirmés avec notamment Seyni Awa Camara (Galerie ADAM), Ndary Lo et Amadou Sanogo (Magnin-A), Owusu-Ankomah (ARTCO Gallery) ou Nú Barreto (Galerie Nathalie Obadia).
La foire valorise aussi bien des artistes émergents que confirmés. Lorsqu’à l’extérieur du Carreau du Temple le public est accueilli par la sculpture en bronze de l’artiste historique sénégalais Ousmane Sow (Galerie Frédéric Roulette), à l’intérieur la création monumentale sonore d’un artiste d’origine camerounaise Serge Mouangue (space Un) témoigne d’une démarche artistique résolument transversale. À travers son oeuvre Wafrica, il fusionne l’élégance formelle du kimono japonais avec les tissus et rythmes visuels africains. Enfin un jeune photographe du Mozambique Mário Macilau (Movart Gallery) a été retenu pour illustrer l’affiche du salon et nous montrer les réalités sociales et économiques de son pays avec des portraits en noir et blanc.
Un dialogue inattendu est à découvrir dans la Knust Kunz Gallery entre l’artiste ivoirien Ernest Dükü et l’allemand A.R. Penck, où les deux protagonistes retracent l’histoire de continents différents dans des dessins au travers d’un langage pictural symbolique.
Mais le salon vise notamment à la découverte de jeunes talents, tels Jules Be Kuti (The Norm) qui se concentre sur la représentation de la diversité et de la beauté de la communauté noire souvent marginalisée et sous-représentée dans le domaine des arts. Emmanuel Aggrey Tieku est le lauréat 2025 du Fonds de dotation ellipse Art Projects qui s’est consacré cette année aux talents du Ghana. L’artiste met en lumière les conséquences environnementales et sociales de la fast fashion. Troy Makaza du Zimbabwe présente ses tableaux en silicone coloré, entre peinture et sculpture, à la Fondazione Ettore Fico de Turin, nouveau partenaire de la foire, qui présente une sélection d’œuvres de sa collection. La photographe gabonaise, Julie Mvie, soutenue par l’Institut Français du Gabon lors de sa résidence artistique à Paris, dévoile les portraits d’une population invisibilisée de sans-abris. Gwladys Gambie de Martinique (La Maison Gaston) donne une dimension onirique à son travail graphique où corps et flore s’entremêlent. L’artiste afro-américain Riley Halloway (Backslash) explore les thèmes de la mémoire personnelle. Le congolais Catheris Mondombo (Galerie Angalia) récupère des bâches usagées sur lesquelles il réalise des portraits traités comme des ombres, parfois clairsemés de motifs allégoriques.
Comme chaque année, le salon programme un ensemble de rencontres, de conférences, tables rondes et de performances qui permettent de faire entendre la voix d’acteurs multiples. AKAA se veut être avant tout un dialogue entre les mondes.
Paris est redevenu une plateforme stratégique pour l’art, il s’agit maintenant de multiplier les événements, collaborations avec des musées internationaux et les partenariats avec les fondations et les entreprises afin de renforcer la reconnaissance de l’art africain hors du continent.
« L’Afrique n’est pas une nostalgie : elle est une pulsion créatrice ». Leopold Sédar Senghor
Infos pratiques
AKAA Also Known As Africa
Du 24 au 26 octobre 2025
Carreau du Temple
4 Rue Eugène Spuller, Paris 3e


























