Action Drawing avec Mathieu Bonardet

 

Le travail de Mathieu Bonardet présenté lors des portes ouvertes de l’ENSBA en 2013 a retenu toute mon attention. Il s’agit d’une combinaison pertinente entre dessin et performance ou plutôt dessin et action puisque réalisé en atelier en absence de tout public. Le plus souvent, seule la trace du geste, preuve de l’action, est donnée à voir.

Au début de ses études, l’artiste est fasciné par le paysage, le rapport de l’homme à l’espace, puis au fil du temps il ne l’évoque plus qu’au travers de la ligne d’horizon dans une confrontation de sa propre personne au papier. Il s’attache alors à la répétition du geste et la ligne tracée  au graphite reste la preuve du passage du corps. La ligne peut alors se briser par le glissement des feuilles posées à même le sol… Temps et espace en sont les composantes principales alors que geste et trace se développent en deux temps distincts.

Mathieu Bonardet emploie le graphite dur et friable, dont il garde parfois la poudre au sol ou les fragments à l’issue d’une action. Le dessin révèle une idée immatérielle, un mouvement qu’il a au préalable méticuleusement préparé et détaillé dans son carnet de recherches. Il trace une ligne qui lui échappe dans un mouvement régulier et répété pendant des heures jusqu’à épuisement. Ce mouvement est l’énergie même du dessin. Parfois, il peut être rythmé par un tempo, comme nous pouvons le voir dans la vidéo En allegro, où le son du métronome se superpose à celui du bruit du graphite sur le papier.  Dans Flamenco, trace et vidéo sont présentées conjointement et le « carré noir » garde la mémoire de cette danse au rythme effréné.

Mais dessin, son et vidéo peuvent également fonctionner de façon autonome et c’est alors au spectateur d’en imaginer le dispositif.

Cette exploration du dessin par le biais de l’action a préoccupé de nombreux artistes. Mais Mathieu Bonardet s’attache non seulement à la répétition du mouvement mais aussi à transposer une idée au travers d’un geste physique, précis et déterminé où la représentation cherche à rendre la pensée visible.

Mathieu participe à l’exposition Dans ma cellule, une silhouette qui réunit différents artistes explorant le dessin dans son rapport au geste et au corps. Il présentera également quelques pièces à la première édition de la Biennale du Dessin des Beaux-arts de Paris à la Cité internationale des arts.

 


Infos :

Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson
allée de la Ferme, Noisiel
du 1er février au 20 avril

Cité internationale des arts
Biennale du Dessin des Beaux-arts de Paris
18, rue de l’Hôtel de Ville, Paris 4ème
du 18 mars au 13 avril