Nelson Pernisco, artiste nomade aux prises avec la ville

Par Sylvie Fontaine1 octobre 2016In Articles, 2016, Revue #14

Le caractère nomade de cet artiste, qui déplace son atelier de friche en friche, a contribué à façonner son mode d’approche de la sculpture. Sa pratique artistique, influencée par l’art minimal américain, se développe au travers de sculptures à l’esthétique brutaliste réalisées avec des matériaux récupérés sur les chantiers et squats qu’il occupe. La notion de survie, d’effort, transparaît dans ses œuvres où les formes persistent au travers des processus de destruction et reconstruction. Nelson Pernisco aime à ancrer ses pièces dans une histoire proche ou lointaine avec des références souvent politiques, comme dans « Esperanto » où il lance des cocktails Molotov sur des affiches de manifestation vierges. Suite à son voyage en Russie, il réalise « La poussière de l’heure et la cendre du jour» où une photographie d’une cavité qu’il a creusée dans la neige près de Saint-Pétersbourg, fait face à son moulage en béton, opposant le caractère éphémère de l’un à la résistance de l’autre.

Mais l’œuvre « Le commencement et la fin », montrée en 2015 lors d’« ARTAGON », exposition collective de jeunes artistes en école d’art, résume parfaitement son travail. Il s’agit d’une structure en fer à béton reposant sur un tas de sable, gravier et ciment correspondant à l’exacte quantité nécessaire à la réalisation du cube en béton. S’agit-il de la pièce détruite ou à construire ?

Autre pièce éloquente, le bunker « CAAOU » présenté dans la cour des Archives Nationales lors du YIA Hors-les-murs 2016, est significative des déplacements de l’artiste sans cesse à la recherche de nouveaux espaces de création afin d’y établir chaque fois un nouvel atelier. Il s’agit d’un coffrage démontable ou moule pour un  bunker, réalisé en contreplaqué bakélisé à l’échelle de son corps avec cette économie de moyens récurrente, comme une forme de résistance « aux horreurs du monde urbain ». Pour chaque pièce, Nelson montre le caractère brut de la matière qui perdurera à travers les temps sous une forme ou une autre, trace de notre passage… La lutte pour la survie de l’artiste, ainsi que  les limites du corps sont également données à voir dans des performances où il s’épuise à pousser des piliers ou à s’extraire de sangles tendues dans un espace donné.

Et l’artiste de conclure : « J’aspire à montrer le caractère brut de la matière, celle qui a vaincu et s’est inscrite dans le paysage… »

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

YIA ART FAIR Hors-les-murs 2016

Cour des Archives Nationales, Paris 3e

du 13 octobre au 13 novembre

RUN RUN RUN,

Exposition collective

Centre d’art de la Villa Arson, Nice

du 1er octobre au 30 décembre