RÉSISTANCE ET DÉTOURNEMENTS DE GAËLLE CHOISNE

Organisation à but non lucratif, Bétonsalon, Centre d’art et de recherche, qui fête ses 15 ans, est le seul centre d’art conventionné implanté dans une université française, Paris Diderot, favorisant activités de recherche et productions artistiques et académiques à partir d’un réseau de partenaires nationaux et internationaux. 

Après l’exposition très remarquée de Julien Creuzet en 2 volets, place à Gaëlle Choisne (1985, France) diplômée des Beaux Arts de Lyon et de la Rijksakademie qui propose une réflexion sur l’amour et ses possibles, à travers une installation sculpturale in situ à géométrie variable. 

« Temple of Love » consiste en un habitat rituel commun constitué d’un banquet d’huîtres, de bannières et autres éléments retenus par des chaînes. Comme des objets abandonnés sur une plage, des rebus soumis au ressac. Des sculptures en tension « au carrefour de » comme elle le définit, fonctionnelles ou plus symboliques. Des vidéos relatent sa rencontre récente en Haïti avec un prêtre vaudou qui lui a proposé la création d’un filtre d’amour ; d’autres, récupérées, représentent un homme en transe qui mange des braises, image de la passion amoureuse qui consume tout.

La question de la mer et de l’hospitalité sous-jacente parcourt aussi l’espace enfermé, allégorie du flux et du reflux, de la traversée, du territoire.

L’huître, dont l’origine du nom renvoie à l’ostracisme grec, avec des ramifications politiques fortes, incarne un exotisme local et instable, à la fois aphrodisiaque et hermaphrodite, soulevant des questions de genre. Tout en demeurant muettes, ces huîtres ont beaucoup à nous révéler et depuis toute l’histoire de l’art, comme le souligne l’artiste qui s’est livrée à une version géante des huîtres en bronze blanc. Elle s’est aussi lancée dans un travail expérimental autour de la porcelaine dont la pureté est mise à mal par l’oxydation du cuivre, comme pour en tester la capacité de résistance, notion qui parcourt nombre de ses œuvres.

Résistance des matériaux, résistance de la mémoire face à l’emprise du colonialisme, persistance de la fable et de l’imaginaire des Caraïbes face aux multiples permutations européennes, ce temple des hommes et des dieux est plus qu’une allégorie, et invite d’ailleurs à poursuivre ce maillage sous forme de performances, interventions éphémères, ateliers… comme une micro société où l’amour triomphe et répare. 

 

Par Marie de la Fresnaye


Infos :

centre d’art Micro onde

8 Avenue Louis Bréguet, Vélizy-Villacoublay

jusqu’au 24 novembre 2018