La Gaya Scienza, un nouveau lieu artistique à Nice

Par Marie Gayet17 novembre 2023In Articles, 2023

 

Sur le flyer distribué à l’entrée du lieu art et poésie sont les deux mots accolés au nom de La Gaya Scienza. Cependant en écoutant les discours d’inauguration d’Eric et Anna Castaldi les deux fondateurs (père et fille) de ce nouveau lieu artistique à Nice, on comprend rapidement que les disciplines seront plus nombreuses et plus transdisciplinaires.  

Librement inspirée par « Le Gai Savoir » de Nietzsche, dont les derniers chapitres auraient été écrits à Nice à la fin des années 1880, La Gaya Scienza se présente comme un espace d’exploration artistique, porté par un désir à la libre pensée, généraliste et non formaté. Le dossier de presse nous apprend que l’expression gay saber (la gaya scienza) qualifiait en occitan médiéval l’art de composer des poésies lyriques. De ces racines troubadouresques — latine, occitane ou arabe — les fondateurs et les équipes partenaires du lieu entendent bien donner corps à l’intention de composer, inventer ou deviser ; découvrir ; ressentir une émotion, une excitation, une agitation.

L’émotion, l’excitation et l’agitation sont bien palpables le samedi 4 novembre lors de l’ouverture du lieu où plus de 800 personnes sont venues (malgré la pluie !) découvrir cet appartement de 300 mètres2 entièrement refait, en plein cœur de Nice, et la première exposition de la commissaire invitée Mathilde Ronan « Faire, nager, et s’envoler ». C’est à Marcelle Cahn (1895-1981), artiste oubliée dont on redécouvre les œuvres, que l’on doit le titre de l’exposition. « Faire et s’envoler » disait-elle en insistant sur la dimension sensible et intuitive de sa production plastique, aux styles différents entre figuration et abstraction. Outre qu’il est un clin d’œil à la mer toute proche, « nager », le troisième verbe rajouté par la commissaire, rend compte ici de la notion de fluidité, qu’elle soit par la forme ou par le sens des œuvres présentées. A commencer par une élégante petite peinture de Marcelle Cahn, de la période moderne, La Nageuse (1930) qui propose un beau diptyque coloré avec la toile Personnages aux chevaux (1935). En dialogue avec les œuvres de l’artiste historique, on trouve celles de Alice Anderson, Carlotta Bailly-Borg, Hélène Bertin, Laëtitia Bourget, Aline Cado, Philippe Charles, Sirine Fattouh, Laure Prouvost (avec qui Mathilde Ronan a déjà traité de la nage), Emmanuel Régent, Victorien Soufflet (récemment vu au salon de Montrouge), Lamia Talaï, qui ont toutes et tous des pratiques très spécifiques. Plusieurs séries de cartes postales aux gommettes de Marcelle Cahn, présentées dans des cadres sculptés par Hélène Bertin ponctuent le parcours. Se dessine autour des gestes de la vie quotidienne et des rapports entre les individus une géographie intérieure de l’appartement investi dans toutes les pièces, y compris la salle de bain, les couloirs, le patio et même la cuisine !

Accompagnée étroitement par la commissaire d’exposition Claire Migraine, Fondatrice de la résidence artistique « Thank you for coming » à Nice, dans la phase de réflexion et de conception sur le conseil artistique et la production, la mise en œuvre du projet a été soignée, l’identité visuelle créée par le studio ROVO, le mobilier par Peaks et Maxime Bondu. Eric Castaldi rappelle que l’un des credo de travail de « La Gaya » est la collaboration.

A la programmation d’expositions d’art contemporain avec des commissaires d’exposition invités (Emilie Flory assurera l’exposition du printemps 2024), le lieu s’articule autour de trois autres axes : une ludothèque de jeux d’artistes, une dotation de bourses annuelles de soutien à la création, et une programmation  comprenant cours d’histoire de l’art, projections de films (Le FID est partenaire), débats philosophiques, soirées de « parcœuristes » (dire des poèmes appris par cœur), lectures et performances, concerts, ou encore ateliers culinaires.

Résolument philanthropique, La Gaya Scienza « s’envisage comme un espace librement accessible à toutes et tous, misant sur une porosité intense entre l’art et la vie, l’hospitalité et l’envie de faire ensemble ». Elle est à découvrir et à explorer !

 

La Gaya Scienza

9 bis rue Dalpozzo, Nice