Ce jeune artiste colombien, lauréat du Prix Découverte des amis du Palais de Tokyo en 2012, est invité à présenter un ensemble de pièces, sous le titre « Zuratoque » dans l’un des modules Fondation Pierre Bergé-Yves saint Laurent.

Né à Paris, il part vivre dans son pays jusqu’à l’âge de 15 ans avant de revenir étudier en France et poursuivre à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.

Il se réfère constamment à des réalités sociales, historiques, politiques et l’être humain reste le point central de son travail. Chaque nouvelle pièce surgit à la suite d’une rencontre avec une histoire, un évènement ou une personne. De par son expérience personnelle, il reste sensible aux flux permanents de notre monde : flux de personnes, d’idées, de matière…

« Nous vivons une époque fortement marquée par des questions de déplacement » déclare-t-il.

A l’écoute de ce monde en perpétuel mouvement, il retranscrit ces témoignages vibrants au travers d’installations, de dessins, de vidéos d’une grande force plastique et poétique. L’une de ses particularités est d’impliquer, quand faire se peut, les personnes à l’origine du récit. Par exemple, lors du projet « Cayuco », il demande à des sans-papiers de participer à la performance en tirant une barque en plâtre, reproduction d’une « barque clandestine », pendant la Nuit Blanche.

Dans le cadre du Palais de Tokyo, il présente une installation « Alpatagas de Zuratoque » où sont posées dix paires de sandales traditionnelles tissées par des fermiers colombiens ayant fui les conflits armés. Ces « alpagatas » sont confectionnées à partir du fil tiré de sacs en toile de jute où étaient retranscrits leurs récits. Trace de vécu invisible et pourtant présente dans l’objet réalisé. Les photos des témoignages écrits sur la toile de jute avant le « détissage » complètent le dispositif.

Vidéo et fresque dessinée à même le mur seront les autres références à l’histoire d’un pays et plus particulièrement d’une région.

Et toujours au Palais de Tokyo, dans le programme « Nouvelles vagues » présenté à partir du 20 juin, Marcos Avila Forero montre une nouvelle pièce imaginée dans le cadre de la quatrième édition des résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès.

Il réalise, avec des artisans porteurs d’une autre histoire, à la maroquinerie de Nontron en Dordogne, une pièce en cuir. L’oeuvre sera encore une référence à une tribu de sa région d’origine, les Palenqueros, avec un objet de revendication des peuples esclaves d’antan mais encore utilisé de nos jours.

Ce sera pour l’artiste l’occasion de provoquer prise de conscience et rencontre entre peuples de trois continents différents -Amérique, Europe et Afrique- avec cet objet inspiré d’un instrument de Colombie, transformé et réalisé par l’artiste avec des artisans français, et joué par des musiciens bantous.

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