Ange Leccia, La communauté des images

Après Alain Fleischer, le Centre des arts d’Enghien-les-Bains poursuit son exploration des arts numériques en lien avec des artistes contemporains invités, tel Ange Leccia qui nous propose une plongée plus contemplative que chronologique dans ses sources d’inspiration et obsessions cinématographiques.

Ce vaste corpus filmique se déploie sur l’ensemble des espaces du Centre à partir d’un certain nombre de dispositifs (« arrangements », comme il les nomme) impliquant toujours le spectateur. 

Au 1er étage plongé dans le noir complet, trois ensembles video posent un climat général vite entêtant entre les répétitions à l’infini et le son. Une mise en boucle formelle autant que sensorielle.

Au 2ème niveau, aux côtés de pièces que l’on connaît, comme « La Mer », à la veine très picturale, qu’il a remontée cet été pour l’exposition, de nouvelles productions sont déployées, comme notamment « Palmyre », à partir de son voyage sur le site en 2000, filmé au coucher du soleil à travers les vitres d’un train. Des images qui ont acquis avec l’histoire une valeur de témoignage. A un moment donné, elles finissent par se fondre et se répondre entre elles, bien que prises à des époques différentes, suggérant une invitation à un voyage personnel du spectateur et aboutissant à une sorte de brouillage, de degré zéro de l’image comme geste esthétique. 

De plus, des banques de données d’images remontant à l’époque où il était pensionnaire à la Villa Médicis (une succession de visages, de sculptures, de surimpressions) apparaissent et disparaissent, dessinant comme une communauté mouvante et fluctuante entre violence et poésie fragile. Vision de la guerre, de la possible destruction, jusqu’au crépitement suicidaire des images.

Une réflexion hantée sur le pouvoir de fascination qu’elles véhiculent au sein de notre société et le rôle du regardeur.