Le Centre Pompidou mobile sur les routes de France

 

Suite à un constat alarmant indiquant qu’un français sur trois ne pénètre pas dans un musée et qu’un français sur deux ne pousse jamais la porte d’un musée des Beaux-Arts, Alain Seban, Président du Centre Pompidou, propose la création d’un musée itinérant, allant à la rencontre du public.

Ainsi naît en 2011 le Centre Pompidou Mobile où sont présentés des chefs-d’œuvre de l’art moderne et contemporain dans une structure légère, démontable et transportable. « Il est important de lever l’inhibition des français face à l’institution » déclare-t-il lors de l’inauguration.

Ce projet prend forme grâce à l’architecte P. Bouchain qui conçoit une structure de toile très colorée, dans l’esprit d’un chapiteau de cirque ambulant. Ses trois modules indépendants s’inscrivent dans l’histoire des architectures culturelles temporaires comme celle du Crystal Palace de J. Paxton au XIXe siècle.

Dans le prolongement du Centre Pompidou de Metz, qui permet d’irriguer les territoires de l’est de la France, ce musée nomade est promis à un véritable Tour de France. Chaque itinérance, d’une durée de 3 mois, permet de montrer au plus grand nombre, une quinzaine d’oeuvres majeures des plus grands maîtres, choisies dans la collection nationale. C’est ainsi l’occasion, pour les institutions culturelles locales, de proposer des évènements et expositions en résonnance et de déclencher ainsi une dynamique territoriale pérenne. Le voyage du Centre Pompidou mobile a débuté à Chaumont puis Cambrai et se poursuivra à Boulogne-sur-Mer, Libourne, Le Havre, Nantes et Aubagne…

La première étape, à Chaumont-sur-Marne, a été couronnée de succès puisque le musée nomade a accueilli plus de 35 000 visiteurs en trois mois et permis de doubler la fréquentation des musées de la région. L’accès est gratuit pour tous et financé à moitié par les mécènes du Centre Pompidou et à moitié par les collectivités territoriales qui font elles-mêmes appel à des mécènes de la région. Il est donné à tous de vivre l’expérience de l’oeuvre originale, grâce à une médiation adaptée à chaque public ce qui permet la construction d’un regard sensible. La scénographie simple et superbe incite le visiteur à s’approcher au plus près des œuvres puisqu’elles sont présentées dans un caisson éclairé de l’intérieur.

Pour les trois premières étapes, l’accrochage célèbre la couleur, en résonnance avec les architectures colorées du Centre Pompidou de Paris et du Centre Pompidou mobile. La couleur est la porte d’entrée privilégiée de l’histoire de l’art et continue d’être un champ d’investigation dans le domaine de l’art contemporain. Quinze chefs-d’oeuvre ont été choisis parmi les 60 000 pièces de la collection nationale mais l’accent est mis tout particulièrement sur l’art moderne, période la plus rarement présentée en région, avec des toiles de Matisse, Picasso, Léger, Braque, Delaunay… Ces oeuvres ouvrent la voie et dialoguent avec deux pièces contemporaines de B. Nauman et O. Eliasson. La commissaire, Emma Lavigne, nous affirme : « il s’agit d’un parcours et non pas d’une exposition… c’est une promenade-rencontre avec des oeuvres, des couleurs, de la musicalité… », des jaunes chromatiques de Kupka aux bleus mélancoliques de Picasso.

« La couleur est une nécessité vitale » déclare F. Léger. A cela, S. Delaunay répond : « les multiples combinaisons de la couleur ont leur poésie…il y a de nouvelles possibilités à l’infini… ». Ceci est merveilleusement illustré par le dialogue entre le tableau Rythme de S. Delaunay en 1938 et l’installation Your concentric welcome de O. Eliasson en 2004.

Souhaitons bonne chance à ce « morceau du Centre » sur les routes de France…