JULIA BORDERIE & ÉLOÏSE LE GALLO - Le contenu du contenant

Par Leia Fouquet10 mai 2021In Articles, 2021, Revue #26

 

Julia Borderie et Éloïse Le Gallo suivent le même flot. Après des études à l’ENSAPC de Paris-Cergy et à l’ENSBA Paris, puis outre-Atlantique, les deux amies constatent, en 2016, leur intérêt commun pour une forme de poésie documentaire et entreprennent des recherches sur les interactions provoquées par l’eau. L’universalité du sujet les a depuis amenées à intégrer toutes sortes de milieux, d’acteurs et de médiums à leur protocole. Ce printemps, le Centre d’art contemporain d’Alfortville mettra à l’honneur leurs dernières découvertes sur la Seine dans l’exposition Le silence des coquilles.

 

Entre-temps, en réponse à l’appel à projet lancé par Artaïs en 2020, le duo a fabriqué une série de céramiques bipartites intitulée Gigognes blanches. Métaphore de leur collaboration, le bel objet artisanal doit pourtant être considéré comme l’indice d’une pratique expérimentale. Les Gigognes blanches sont quelques menues traces de Soles, un projet-parcours d’envergure mené entre le Rhône et l’Ardèche, au long duquel elles ont construit différents fours à céramiques. Ces fours, activés à même le sol, sont désormais autant de sculptures in situ que des outils pour de futurs utilisateurs. Enfin, une vidéo hypnotique atteste leur aventure – notons que les artistes ont pour habitude de filmer leurs interventions puis de monter des vidéos intégrant les paysages, les matières premières et les gestes à l’œuvre dans leur démarche.

Ces télescopages entre supports et intentions posent la question, qui demeure irrésolue, de la finalité de leur œuvre. Le duo propose une méthode d’apprentissage hétérodoxe où l’esthétique peut servir de communication scientifique, les œuvres s‘avèrent utiles et le langage est une énigme. De telle sorte que Les Sources désignent une série de céramiques aux allures de gourdes et une performance. Sanglées aux corps de quelques volontaires, ces contenants sont acheminés jusqu’aux infrastructures de sources ayant servi de matrices à leur façonnage. Une fois remplies d’eau, les sources mobiles sont rapportées dans l’espace d’exposition et humidifient ce dernier. En créant ainsi des ponts sensibles entre monde de l’art et le monde quotidien, les artistes font de l’élément aqueux un facteur d’harmonisation.

La fluidité de leur démarche démontre enfin le potentiel heuristique du principe d’intersubjectivité, en ce qu’il permet de sortir de soi et finalement tendre vers l’idéale objectivité du documentaire.


INFOS

Expositions personnelles

  • Le silence des coquilles, Cac la Traverse, Alfortville

Du 14 mai au 19 juin

  • MuséoSeine, Caudebec-en-Caux

Expositions collectives :

  • The pole gallery, Paris
  • ThunderCage, Aubervilliers
  • Ferme du Bourlatier, Saint-Andéol-de-Fourchades
  • Orgues, Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, Aydat

Change, Françoise, Fondation Frances, Senlis