Scenes de chasse 01

Jusqu’au 2 septembre 2018

Qui chasse qui ?Qui tue qui ?Qui mange qui ?

A force d’amputations, implantations, hybridations, c’est à une explosion des corps et des pensées que nous assistons.

Laurie Karp est à l’image de son univers : effervescent, foisonnant, baroque. C’est cet univers que nous dévoile cet été le Musée de la chasse et de la nature, avec l’exposition Seven lakes drive, nommée d’après cette grande forêt à proximité de New York, où l’artiste a passé son enfance. Un bout de nature – et pourtant si peu naturel ! – d’où émerge l’image centrale de l’ours.

En détournant la vaisselle rococo du grand siècle, l’artiste s’amuse à envahir soupières et autres plats, moulés sur des pièces anciennes, avec des membres d’animaux ou des humains miniaturisés dans des poses improbables et dans des environnements qui rappellent plus l’exubérance à la Watteau que les Etats-Unis d’aujourd’hui.

Salle après salle, notre déambulation nous conduit à reconstituer l’ours démembré, à l’aide de multiples indices d’une unité perdue (d’un paradis perdu ?) – celle de la nature constamment déchiquetée par la cupidité des Hommes ?

Au-delà de la chasse, au-delà de la nature, ce parcours tente de recoller les morceaux d’une nature qui n’est plus sauvage que dans les contes et les fantasmes.

L’artiste, avec les multiples utilisations de la terre, matériau mère de la nature, associe, rassemble et hybride végétal, animal et minéral comme dans un retour à un chaos originel où les règnes se confondraient.

Ovide guette au tournant de chaque salle et les figures mythologiques ne sont pas loin, même si Laurie Karp se défend de vouloir les illustrer, déployant plutôt sa mythologie personnelle, intime, dont des éléments peuvent apparaître ça et là, et nous ramener à ce temps où nous avions peur des loups.

Dominique Chauchat


Infos pratiques :
Musée de la chasse et de la nature
62 rue des Archives, Paris 3è