Mircea Cantor, chasseur de traditions
Saison France-Roumanie 2019 faste pour Mircea Cantor (né en 1977 à Oradéa, Roumanie), présent dans les expositions collectives Lux. Une énergie roumaine à la Société Générale à la Défense (jusqu’au 19 avril), La Brique – Cărămida à la Kunsthalle à Mulhouse (14 février-28 avril), et dans l’accrochage Une saison roumaine au Centre Georges Pompidou. Le musée de la Chasse et de la Nature lui donne carte blanche, pour laquelle, il emprunte les relations que les Roumains développent avec la faune, inspiratrice de fêtes traditionnelles et d’objets.
Dans les carnavals, les figures de l’ours et de la chèvre sont présentes, les gens se griment en animaux ou en hommes sauvages. Fil conducteur de son intervention, ces rites s’organisent dans le parcours muséal comme si celui-ci se transformait en territoire, dans un dialogue avec les tableaux animaliers dixhuitièmistes d’Oudry, Chardin ou Desportes ou le contemporain d’Othoniel, Fabre ou Creten. Il a placé dans le musée 200 masques moldaves et transylvaniens de travestissements festifs prêtés par le Musée du paysan de Bucarest, ou demandés à des artistes de son pays natal : Marius Bercea, ou Serban Savu. Connu pour ses écrans de verre sur lesquels il appose ses empreintes digitales constituant un motif de barbelé (Adjective to your presence, 2017), il présente des dessins et des vidéos dont sa dernière : Aquila non capit musca (2018). Il s’agit d’une confrontation entre le prince des cieux et un drone, que le représentant de Zeus prend pour une proie, dans une danse aérienne avec cet objet de surveillance et d’intrusion. La Fête de l’ours, temps ludique de cette exposition, lui a été confiée. Rendez-vous le 21 février pour chasser les mauvais esprits, entre les cours et les salles de ce musée.
Gilles Kraemer