Les Moulins de Paillard – un centre d’art au fil de l’eau

Par Marie Gayet25 septembre 2016In Articles, 2016, Revue #13

Quel lieu peut afficher en six ans d’existence des expositions monographiques de Richard Serra, Bertrand Lamarche, Francisco Tropa ou Robert Smithson, des projets collectifs proposés par des commissaires français ou internationaux, des spectacles chorégraphiques, des concerts et des ateliers rencontres ? Les Moulins de Paillard ! En 2010, ses fondateurs, Shelly de Vito et James Porter, font le pari de transformer cet ancien moulin en un espace alternatif créé pour présenter, produire et promouvoir des oeuvres dans tous les domaines de l’art. Objectif réussi !

Il faut dire que lieu est remarquable : bâtiments du XVIIIème nichés entre verdure et rivière, chaufferie à l’ancienne, immenses fenêtres sur le Loir… Si la mission est de mettre en avant la culture contemporaine, tout en échangeant avec, et dans la promotion des communautés rurales de la région, la constante de la programmation est marquée par une volonté affirmée de formes singulières, ouvertes et contrastées. Un programme de résidence accueille plasticiens, danseurs, architectes, musiciens, auteurs…

Au printemps et à l’été 2016, deux expositions vont se succéder. La première « Seuls six bassins pour toute cette eau » est pensée comme un laboratoire d’études et une enquête prospective autour du Loir qui borde l’ancien moulin. Ici, la rivière, source et frontière d’un territoire, vient incarner les limites de la communication et de la connaissance humaine. A partir de matériaux d’archives, de documents cartographiques et de données officielles, l’exposition met en regard ces supports souvent incompréhensibles à celui qui en ignore la méthodologie et le langage. Le versant artistique de la recherche est apporté par des extraits de films d’Andreï Tarkovski (Solaris et Stalker), et des photos de Claire Adelfang. Dans ce flux d’informations, ces images convoquent la poésie presque par effraction. Ce sont pourtant celles que la mémoire retient.

La seconde, « Architropismes », s’intéresse aux phénomènes de transformations du site « en ses murs » et au passage graduel d’une forme à une autre, en tant que trace sur l’architecture et stratification d’une temporalité physique. Sensibles à la topographie du lieu et à son aspect mouvant, les commissaires Rozenn Cavenet et Marlise van der Jagt, ont réuni des artistes de divers horizons qui accordent une attention à l’infime et à l’expérience de la durée. Les œuvres, pour certaines créées in situ, témoignent de ces mouvements façonnés hors du regard et en subliment le caractère transitoire. Rituelles comme avec Béatrice Balcou et Saskia Noor Van Himoff,  ou plus formelles, avec Tatiana Trouvé, Shqipe Gashi, Hedwig Houben et Pieter van der Schaaf, elles induisent le tropisme aux limites de la conscience du visiteur.

Les Moulins de Paillard, un centre d’art à découvrir !

 

Par Marie Gayet


Infos :

Centre d’art Les Moulins de Paillard, Poncé sur le Loir (72)

Seuls Six Bassins et toute cette eau

jusqu’au 12 juin  2016

Architropismes

du 9 juillet au 18 septembre 2016