Wendie Zahibo au Festival Circulation(s)

Par Marie de La Fresnaye20 avril 2025In Articles, 2025

 

 

Le projet au long cours et collectif « masonn », lancés par l’artiste Wendie Zahibo à partir des habitats vernaculaires des populations afrodescendantes, interroge la mémoire de l’Atlantique Noir dans des dynamiques vivantes et collectives entre la Guadeloupe, le Brésil, la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis. C’est l’une des propositions les plus impactante de cette édition 2025 du festival Circulation(s) au Centquatre-Paris. Transmédia et transnational avec comme ambition de faire architecture et d’écrire de nouvelles narrations afrodiasporiques, le projet engage une réflexion sur le medium photographique élargi à d’autres supports comme le reflète l’installation à la fois visuelle et sonore.  Wendie revient sur l’opportunité que représente le festival Circulation(s), sa démarche à la fois individuelle et collective et les autres recherches qui l’animent à l’international.

 

Qu’évoque le titre de masonn ?

Il s’agit d’un mot en créole guadeloupéen qui signifie « les murs » avec l’idée de faire en sorte de transformer ces murs en ponts entre différents territoires de l’Atlantique noir. Ce titre est aussi le nom du collectif que j’ai créé.

Le projet est transnational et transmédia à partir de la photographie mais aussi du collage numérique et du collage papier : chanvre, coton indigo, fibres et feuilles de murier.

Il est à la fois individuel et collectif réunissant quatre artistes visuels et deux musiciens de la diaspora avec lesquels je collabore. Avec ces musiciens nous participons à des résidences itinérantes au Brésil, ou en Côte d’Ivoire. Autour de cette question de l’architecture vernaculaire se dégageait pour nous un besoin de s’intéresser à l’oralité parce que derrière ces savoir -faires il y avait un travail communautaire qui se faisait autour du son et de la musique. Il était donc important de donner une place à ces questions, à savoir comment à travers le son, penser ces questions de l’architecture.

Pouvez-vous nous présenter l’ensemble des membres du collectif ?

Il est composé de Keren Lasme, Anais Cheleux,  Alejandra Loreto, Jeebrahil et RD/WL

Keren Lasme est une artiste, écrivaine et commissaire basée à Abidjan. Anais Cheleux est une artiste et performeuse guadeloupéenne. Alejandra Loreto est une photographe vénézuélienne basée en Côte d’Ivoire et scénographe du projet. Jeebrahil est musicien compositeur-beatmaker. Enfin Ardwel (RD/WL) est également chanteur multiinstrumentiste.

Quels sont les objectifs de masonn ?

L’ambition est de faire architecture dans ce milieu de l’art, de repenser cette question des relations, pour co-construire, co-créer une nouvelle forme de bâtir à partir de la perspective de la diaspora flottante, une nouvelle forme d’ancrage dans l’itinérance et le mouvement, un vecteur de mémoire vivante. Ce collectif agit comme une métaphore.

A partir de quel moment de votre parcours vous êtes-vous intéressé au medium photographique ?

Cela remonte à 4 ans ayant commencé mon parcours artistique par la poésie, il y a 10 ans. Je me suis intéressée à la photographie par le prisme du collage papier et numérique. Très vite, j’ai eu envie de pouvoir créer mes propres images et de pouvoir transposer mon propre imaginaire. La photographie était le médium par excellence.

Parmi les œuvres de l’exposition Paris noir au Centre Pompidou une installation de l’artiste martiniquaise Valérie John utilise également l’indigo : qu’est-ce-cela symbolise pour vous ?

Cela fait résonnance avec cette question de l’Atlantique noir : comment tisser du lien et comment l’indigo est synonyme de résilience, de résistance. Il y a comme une continuité avec ces artistes que l’on retrouve à Paris noir et qui nous ont précédé.

Quels autres projets vous animent actuellement ?

D’une part j’ai repris un Master 2 à la Sorbonne pour aller vers un doctorat et en parallèle je développe une nouvelle série de photos uniquement atour des questions de l’intime et de masculinité. C’est un projet de recherche commencé l’année dernière et que je pourrai présenter normalement en fin d’année au Brésil dans le cadre d’une exposition en lien avec l’année France-Brésil.

 

Wendie Zabibo

Festival Circulation(s), 15ème édition

Jusqu’au 1er juin