VOUS AVEZ DIT PEINTURE ?

« C’est de la peinture-peinture », comme disait l’un de mes professeurs à l’Ecole du Louvre.

La galerie Jean-Collet, qui en suit l’évolution depuis 1969 à travers le prix annuel « Novembre à Vitry », présente une sorte de point d’étape sur ce medium qui revient en force depuis quelques années, et d’autant plus qu’il n’entre pas en concurrence avec les autres, mais qu’il vient prendre sa place entre vidéo et installation, avec le mouvement et la 3D.

L’exposition met en regard des oeuvres du XXème siècle et d’autres plus récentes, plus « contemporaines ». La commissaire, Alexandra Fau, imagine des « combinaisons » d’artistes, jouant la collusion des époques et des pratiques.

Elle veut « Inciser le temps », pour mieux créer des liens, des liaisons, des rapprochements, pour montrer, peut-être, qu’à travers le temps, les recherches des artistes répondent aux mêmes questionnements.

Coupler un artiste confirmé avec un plus jeune, ce n’est pas nouveau, mais quand l’exercice est bien fait, il apporte sa petite pierre à l’histoire de l’art.

Ainsi, mettre en miroir Gaze de Daniel Dezeuze (1980-1981) et Joueur de flûte de Sylvie Auvray (2013) ouvre-t-il un champ de réflexion autour de la figure, d’une évolution possible de sa représentation depuis quarante ans. Après la Deuxième Guerre mondiale, elle semblait être devenue impossible, tant l’humanité de l’homme s’était dissolue dans les camps de la mort. Les artistes ont dû réinventer des façons de montrer les corps et les visages, souvent avec d’autres perspectives que celles des anciens : exit la beauté, exit la peinture des caractères, exit le jeu ou les références au social. Si en 1980, Dezeuze nous montre un Homme mécanique (mais subtilement coloré), celui de Sylvie Auvray est écorché, torturé, comme le monde dans lequel il s’essaie à l’art. Il est aux couleurs de sa vie : noir et rouge.

Autres recherches sur le corps avec Tu lui en as parlé de Gérard Schlosser (1973) et Sans titre (I could juste Di !) de Nina Childress (1995) , où le morcellement transforme la personne en objet (de désir ou de répulsion). Celle-ci faisant même de la femme-corps un jouet parmi les jouets.

L’exposition présente bien d’autres thèmes : le blanc (Rémy Zaugg/Mireille Blanc), la ligne (Martin Barré/Dominique Figarella), les possibilités multiples du dessin (Roland Flexner/Julien Carreyn) par exemple.

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

Inciser le temps

galerie municipale Jean Collet

59 avenue Guy-Môquet, Vitry-sur-Seine

du 20 janvier au 3 mars