Vers une économie plus humaine ?

 

A l’occasion de « 15 ans d’art à HEC », l’espace d’art contemporain inaugure cette année, au sein du campus, le parcours « Vestiges Ephémères », un « Mini Musée »temporaire et l’exposition collective « Economie humaine », sous le commissariat de Paul Ardenne, associé à Barbara Pola. Des confrontations inédites et une scénographie spécifique dans les différents espaces de vie, selon les fondamentaux de départ pour inventorier les rapports entretenus par les artistes avec un monde du travail humanisé par leur vision qu’elle soit absurde, incisive, poétique ou tout simplement engagée. Parmi les 22 propositions qui irriguent la cartographie de ce territoire de l’art pour dirigeants de demain, notons les détournements de Jean-Baptiste Farkas (IKHEA@SERVICES) avec le principe en négatif du mythe moderne de l’efficacité ; le modèle d’objets économico-artistiques réanimés par Conrad Baker ; l’interface prévisionnelle algorithmique de Burak Arikan autour des liens  directs ou indirects qui régissent l’économie de l’art ; la tentative de désendettement artistique de l’Islande par des concepteurs spontanés de billets selon Yann Dumoget ; une esthétique de la communication par des formes artistiques sur des supports tel le code-barre avec Hervé Fischer, ou encore la vidéo Dévolver de Pierre Huyghe avec son seul geste, le contraire du vol aussi furtif que totalement répréhensible qui inverse l’ordre établi de façon absurde et poétique.

Mais c’est avec « le sens de la vie » de Florent Lamouroux que les étudiants d’HEC ont matière à se projeter, transformés en 12 000 ouvriers en marche, privés de leur outil de travail, portant sur leur bleu ouvrier les stigmates de la révolution industrielle à l’heure de la mondialisation. Une foule désoeuvrée, mais qui reste solidaire face à ce qui peut ressembler à une deuxième vie. Métaphore d’un monde où les laissés pour compte sont légion, comme avec le film « Ne vous inquiétez pas » de Camille Roux, remarquée au Salon de Montrouge en 2011, sur les derniers jours de la Manufacture des tabacs de Strasbourg. Une mémoire collective qui tend à disparaître face au rouleau compresseur de la compétitivité et du dumping social, qui ressurgit au creux d’une émotion, d’une voix contenue, d’un témoignage sans tabou. Survivance ultime de la valeur travail avant qu’il ne soit trop tard.

 


INFOS :

Economie Humaine
Espace d’art contemporain d’HEC
1 rue de la Libération, Jouy en Josas
jusqu’au 6 mars