Une grande diversité au Drawing Now Art Fair 2023
La 25 e édition du salon Drawing Now a ouvert ses portes ce mercredi, et déjà certains artistes se distinguent par l’originalité de leurs productions.
Dans un format intimiste, Elika Hedayat, représentée par la Galerie Aline Vidal, nous propose des compositions dont les paysages s’ancrent dans l’esthétique de Jérôme Bosch, avec des infinités de précisions dans le crayonnage des éléments de la composition. Cette dernière revêt des allures surréalistes, avec en filigrane des inspirations d’imageries populaires de l’Iran. Intitulée Les dépossédées, la série met en scène des corps pour la plupart féminins dans des écosystèmes insulaires aux formes organiques et architecturales.
Cette dimension presque onirique trouve des échos dans les œuvres de Mohamed Lekleti exposées par la Galerie Valérie Delaunay. Dans un syncrétisme prolifique, l’artiste multiplie les références : histoire de l’art, récit de la résistance marocaine et symbolique des pouvoirs côtoient les représentations d’enfants, les structures d’enfermement et les cartes de tarot. L’émulation qui émerge de la mise en interaction de ces repères visuels s’enrichit encore par la mixité des techniques qui fait se rencontrer dessin, peinture et collage. Sans narration et pourtant fourmillant de micro-récits en interaction, les dessins de Mohamed Lekleti offrent une densité poétique.
Dans un tout autre registre mais sans perdre en poésie, Mara Fortunatović, présentée par la Galerie Archiraar, nous donne à voir un subtil travail de la couleur blanche avec la série Meta Forma, qui compose avec les différences inframinces des gammes de blanc. A partir de craie blanche, l’artiste remplit sur du papier blanc des carrés, délimités par les couleurs adjacentes, car il est bien question de couleur ici. Les blancs crayeux et du papier support, mis en contraste, révèlent des nuances de bleu, de rose et même de vert. Dans la série, un dessin se distingue, par une fente angulaire découpée dans le papier. Le blanc se prend des désirs d’envol, et suppose les prémices d’une évolution plastique de ce très joli format.
Au-delà du crayon et de la feuille, le dessin s’est encore réinventé cette année et Stéphane Thidet, à la Galerie Aline Vidal, investit une nouvelle technique avec Lignes de feu, celle du fer à souder. Dans un travail d’une grande minutie, l’artiste incendie la feuille de minces traits de brûlures, qui composent, au choix, un paysage désertique et linéaire ou bien une partition dont les queues des notes se finissent soit vers le haut, soit vers le bas du support, instillant une subtile dynamique en contraste avec l’agressivité de la technique utilisée.
Si la brûlure donne une trace concrète, celle du son semble a priori impossible. Il n’en est pourtant rien. Atsunobu Kohira représenté par la Galerie Maubert, en réalise le dessin sur des sténopés de menhirs et autres dolmens. En même temps que la prise de vue, l’artiste fait une prise de son qui est ensuite réinjectée sous forme de vibration. Le papier photographique reçoit ces vibrations et le graphite, déposé au préalable sur le support, fait marque de la perception sensorielle du lieu.
Nommons également JC Ruggirello de la Galerie Papillon avec Crisis al minimalismo 10 qui se joue d’une perspective, ici spatiale, du dessin ou encore Philemona Williamson à la Galerie Semiose dont les récits autour de la figure de la poupée noire témoignent d’une invasion de celle-ci dans l’imaginaire de l’artiste. Bien d’autres artistes et productions inédites sont à découvrir sur le salon jusqu’au 26 Mars 2023.
Nous félicitons également Suzanne Husky, douce activiste écoféministe, pour son Prix Drawing Now 2023, qui inaugure très prochainement une exposition à la Graineterie de Houilles dévoilant ainsi quinze années de création artistique au travers de multiples médiums.
Amélie Boulin
Infos pratiques :
Drawing Now Art Fair
23 – 26 mars 2023
Carreau du Temple, Paris 3e