Thomas Tronel Gauthier à l’Abbaye d’Annecy

Par Dominique Chauchat21 septembre 2017In Articles, 2017, Revue #16

Le travail de Thomas Tronel Gauthier est un travail de chercheur, nourri par ses nombreux voyages à travers le monde. Il mêle attention à la nature, aux hommes et à leurs cultures, interrogations sur nos sociétés, et un souci esthétique constant.

Ainsi de The Last Piece of Wasteland, série d’empreintes laissées par la mer dans le sable, que Thomas Tronel Gauthier vient pétrifier dans la résine, ou le Récif d’éponges, naturelles et artificielles, fossilisées dans la porcelaine.

Au cours d’un séjour aux îles Marquise, il a créé Ke’a tuki, pièce faite de 9 pilons taillés dans la roche volcanique, dans un dégradé du gris anthracite au blanc. Posés sur une tablette tenue par des fils invisibles, ils ont l’air de planer. Présents dans chaque cuisine, utilisés pour préparer les plats traditionnels, ces ustensiles évoquent ce qui reste de la culture traditionnelle de ces îles, son poids et sa fragilité.

Fragile aussi, le coquillage, écrin de la célèbre perle noire, dont l’artiste tatoue la peau de nacre d’un champignon atomique, comme les explosions nucléaires ont marqué les corps des habitants de ces îles : « Les Oracles« , image fascinante d’un passé violent dont les effets dureront plus longtemps, peut-être, que l’humanité elle-même.

Dans un autre registre, Nativité, une taloche de maçonnerie, dont la forme rappelle celle des icônes, est couverte de feuille d’or puis, sur sa partie basse, de peinture acrylique noire. Après avoir posé une plaque (dans une « rencontre amoureuse »), puis l’avoir « arrachée », l’artiste fait apparaître dans la peinture fraîche une forme arborescente, qui, loin d’être aléatoire, met en oeuvre les lois physiques qui déterminent la structure des organismes. La morphogenèse est l’un de ses centres d’intérêt.

Citons encore la vidéo Tahiti-Moorea, tournée sur le bateau qui relie ces deux îles, où les reflets du soleil sur l’eau font un tableau mouvant tout à fait abstrait, comme pourrait l’être le dessin de la mer. Images propices à la méditation…

L’Abbaye d’Annecy, sur un commissariat de la Fondation pour l’Art Contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon, présente la troisième et dernière exposition de son cycle consacré aux relations entre arts et sciences : Surrounded by Water, dans laquelle Thomas Tronel Gauthier évoque l’élément eau sous toutes ses formes et dans toute sa diversité, et à travers différents mediums. Son expérience de l’eau est multiple, de la baie de Somme de son enfance aux îles de l’océan Pacifique, des eaux calmes aux eaux tumultueuses, des eaux claires aux eaux troubles, entre terre et mer. Il déploie toutes les facettes de son travail, nous plonge dans des oeuvres méditatives comme dans des réflexions politiques !

Thomas Tronel Gauthier, né à Paris, vit et travaille à Paris. Il a obtenu en 2016 le Prix de Sculpture, Fondation de l’Olivier et le Prix Salomon Foundation Residency Award.

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

L’Abbaye – espace d’art contemporain

15 bis chemin de l’Abbaye, Annecy-le-Vieux (74)

Thomas Tronel Gauthier, Surrounded by Water

jusqu’au 8 juillet