THÉO MERCIER, EVERY STONE SHOULD CRY

Théo Mercier sculpteur et metteur en scène pour le spectacle vivant trouve, pour la seconde fois, au musée de la Chasse et de la Nature, le lieu idéal pour installer ses sculptures. Elles associent objets ou œuvres d’art populaire collectés lors de ses voyages. Explorateur, il propose un nouveau regard sur cet espace riche en histoires et mystères. Il interroge les projets de scénographie des musées en troublant les modalités d’accrochage, de l’étalage du magasin au cabinet de curiosités jusqu’à l’aire de jeu. « Je ne crée pas seulement une exposition mais plus profondément, un environnement, une sorte de décor d’exposition. » affirme-t-il.

Théo Mercier renverse les relations entre homme et nature et met en lumière la domestication de la nature et principalement la place de l’animal pour recréer un système de classification. Animal, végétal et minéral, devenus objets de nouvelles sculptures insolites, composent un univers factice qui convoque une sensation d’étrangeté. Ces œuvres incarnent une tension entre jeu et contrôle, plaisir et effroi, mou et tranchant. Ces sculptures sont à la fois tendues dans un élan qui les élève, et dans un potentiel effondrement. Certaines suggèrent des objets pour animaux domestiques tandis que d’autres forment d’étranges totems. Composées de diverses matières, pierre, acier, œufs, couleurs, ces pièces font écho à des situations ludiques et violentes. Elles convoquent chacune une hétérotopie, association de plusieurs espace-temps. Rêve et cauchemar, érotisme et perversion, émanent également de cette exposition.

L’artiste conduit le spectateur à aiguiser son regard et l’incite à prêter attention aux différentes provenances des objets. De quels lieux viennent-ils ? Sont-ils originaux ou copiés ? Ses œuvres nous amènent à repenser les principes de la collection, des genres nouveaux à l’heure de la mondialisation et de la reproduction de masse.

Il a recréé une identité à l’espace neutre du rez-de-chaussée, l’a transformé en un lieu mystérieux, une « animalerie géante », en disposant ses œuvres comme sur des rayonnages. En prenant le musée comme une scène de théâtre, il a immiscé ses sculptures à côté d’œuvres historiques, dans les différentes salles consacrées au thème animalier. Théo Mercier, en nouveau maître des lieux, désoriente les habitudes du visiteur. « J’aime l’idée que le visiteur incarne plusieurs rôles à la fois. » Il se trouve alors dérouté, à la recherche de ses pièces aux multiples sens.

1. Entretien avec Claude  D‘Anthenaise

2. Entretien avec Claude  D‘Anthenaise

 

Par Pauline Lisowski


Infos :

Musée de la chasse et de la nature

62 rue des Archives, Paris 4è

jusqu’au 30 juin

Commissaire : Claude D’Anthenaise