The Kooples Art Prize 2022
Ce prix dédié à l’art contemporain fait l’objet d’une exposition en duo avec les des deux lauréats Gaby Sahhar et Kim Farkas au MAC VAL de Vitry-sur-Seine. Dystopie et fiction font sont à l’affiche de ce duo show, selon deux axes de travail bien distincts.
Gaby Sahhar plante le décor de cet univers, au sens strict du terme. Dans le centre de l’espace se déploie de manière convexe un pan de papier jusqu’à une hauteur avoisinant les deux mètres. Peint dans son intégralité, ce papier est couvert d’une narration à l’esthétique volontairement expressionniste dans laquelle les visages et les fragments de corps sont tous anonymes d’identité et de genre. Ils évoluent dans un enchevêtrement d’espaces urbains et quotidiens qui se confondent, de la même manière que les motifs variés qui jalonnent l’immense fresque qu’il faut visiter spatialement : sac, graffiti, chaise, grille d’éclairage… La composition, dénuée de réserve, provoque la saturation et suggère une certaine violence que l’on retrouve dans les rapports entre certaines figures. Cet espace convexe donne naissance à un autre, cette fois concave, dont la sobriété des tentures noires contraste radicalement avec la fresque précédente. Y brille par sa présence un unique écran qui diffuse trois œuvres vidéos dont le contenu – vue d’un espace public, interrogatoire scénarisé et lumière psychédélique – se trouve en réminiscence dans la peinture exposée au recto. La condensation de tous ces éléments en décalage avec notre propre perception du réel sème le doute quant à la temporalité retranscrite.
C’est cette faille temporelle qui constitue le lien entre les deux artistes.
Kim Farkas s’inscrit lui aussi dans une fiction aux accents dystopiques en exposant des sculptures qui tiennent de l’organisme extraterrestre. Ces formes oblongues aux reflets métalliques, dont certaines rougeoient d’une lumière interne, sont emprisonnées partiellement dans leur support de présentation en plexiglas, menaçant de s’en libérer à leur prochaine croissance. La lumière diffuse qui en émane suggère en effet un état de latence, tandis que sa structure physique rappelle les vaisseaux spatiaux de la pop culture. A travers la fenêtre arrondie, présente dans l’un de ces objets non identifiés, le spectateur peut apercevoir divers éléments – entre autres, montre, téléphone miniature en plastique, cristaux, sachet de nouilles instantanées minuscule – réunis dans le cœur de cette machine. Son usage fait débat. Ce vaisseau a-t-il une destination ? A l’image des Time Capsules d’Andy Warhol, cette excroissance capitaliste contient un mode de vie du XXIe siècle, que Kim Farkas isole et étudie.
The Kooples Art Prize
Jusqu’au 17 Septembre
MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-De-Marne
Place de la Libération, Vitry-Sur-Seine