SUR LE CHEMIN DES ABBAYES NORMANDES

Riche de plus de 2 600 œuvres, le Fonds régional d’art contemporain Normandie Rouen, dans sa mission de diffusion de sa collection sur le territoire, prend le chemin des abbayes de la région. En partenariat avec l’association Abbayes de Normandie-route historique, ce Frac propose des expositions dans ces anciens lieux cultuels, publics – ou privé pour Fontaine-Guérard, endroits du savoir et de la transmission, situés dans la grande Normandie. Sous le commissariat général de Véronique Souben, directrice de ce Frac, quatre expositions s’inspirent de l’atmosphère des abbayes qui les accueillent.

L’abbaye Saint-Georges de Boscherville développe avec Du jardin au paysage, un dialogue dessiné et photographié en adéquation avec le potager, le verger, les parterres de plantes aromatiques et médicinales du lieu. En résonance avec cette nature, les oeuvres révèlent des des effets de matière, de rendu et de point de vue dans cette confrontation. De Gérardiaz et ses natures foisonnantes à Pierre Ardouvin, du chantre du land-art Nils-Udo aux Rochers à marée basse (2015) de Thomas Barbey.

L’architecture est au cœur de l’exposition à l’abbaye Saint-Nicolas avec Sur le motif. Les approches d’autonomie de la forme, de la couleur, de la frontière entre art et design sont abordées, témoins de la richesse et de la diversité de leurs créations. Une trentaine d’artistes, de Chantal Barbanchon à Yan Zoritchak, d’une sculpture minimaliste de Kate Blacker sur l’interrogation de la dimension du triangle à une exploitation de la forme conique avec Zones (2003) de Jean-Claude Bélégou dans l’espace du port du Havre. Ce dernier parle d’une  » approche mentale et subjective. Un paysage mental, celui de l’oubli et du vide, en même temps que la mémoire « .

Connu pour ses trois jardins symbolisant la trinité, l’abbaye de Fontaine-Guérard met en avant celui des Quatre éléments : Eau, Air, Terre, Feu. À travers des vidéos issues de la collection du Frac et du Centre national des arts plastiques, notre regard se porte sur la façon dont les artistes contemporains s’approprient ces éléments de la vie et se confrontent aux enjeux artistiques ou écologiques, de Darren Almond à Hans Schabus, du plan fixe sur l’horizon maritime de Linéa (2003) du duo Bertran Berrenger, à Saut (2006) d’Annelise Ragno : deux hommes tournoyant dans le ciel.

Lieu de conservation des archives littéraires contemporaines, l’IMEC est installé dans l’abbaye d’Ardenne. Avec Les titres courants, l’artiste-commissaire Yann Sérandour confronte les fonds d’auteurs, d’éditeurs, d’institutions et d’associations, de revues et de presse de ce lieu de mémoire avec les collections des Frac de Rouen et de Caen. Dans sa démarche, il interroge les sources aussi bien artistiques qu’historiques dans une acceptation de la question de l’archive, se confrontant à la pratique du livre et de la lecture, entre captation des sources et libre circulation de leurs usages. Sont invités une trentaine d’artistes, d’Ignassi Aballi à Claire Morel, de Camila Oliveira à Julien Prévieux, sous le regard très emblématique de La vache qui rumine (1969) du cinéaste Georges Rey, film en plan-séquence fixe d’une vache broutant et ruminant.