Fondation Calouste-Gulbenkian - Sous les pavés, le désert

Par David Oggioni10 avril 2018In Articles, 2018, Revue #18

La confusion entre artiste et décorateur, objet d’art et design continue de poser question. Le sens du terme Talisman est souvent biaisé, déstabilisant ainsi la fonction de l’objet d’art.

Néanmoins la sacralisation qu’incarnent aujourd’hui certains chefs d’œuvres – de Léonard à Jeff Koons – invite, loin de toute pensée magique, à nous poser la question du pouvoir talismanique et de la transcendance de l’art.

Depuis la nuit des temps, les vertus apotropaïques des talismans, au-delà du statut social de ceux qui leur rendaient un culte, crient leur effondrement, symbolisent leur catharsis, projettent leurs espoirs, tout en clamant leur résilience.

  

Les légitimations souvent contestées et évoluant au gré des aléas politiques, ces artefacts assument toutes sortes d’attributs, et ceux parmi les talismans les plus primitifs de nos collections, sont, tel un contrepouvoir, désormais davantage chargés de questions liées aux restitutions et à la décolonisation, qu’à celles dévolues à leur destination originelle : l’œuvre vit du regard qu’on lui porte.

 

Du scarabée, présent depuis les sources immémoriales des mythologies jusqu’à la Dématérialisation de l’art Conceptuel *, en passant par une reconsidération du smartphone, comme talisman agitateur de la Révolution de Jasmin (Art Orienté Objet),l’artefact est un objet hybride qui remet en question les consensus.

Phénomène de talisman hybridé également avec les œuvres contre-narratives de Bady Dalloul exemplifiant la modification d’un discours telle une brèche dans un récit établi. (BadLand ou Oman Letters)

 

*The Dematerialisation of Art, Lucy r. Lippard & John Chandler.1968

 

Par David Oggioni


Infos :

Talismans, le désert entre nous n’est que du sable

Fondation Calouste Gulbenkian,

39 rue de la Tour Maubourg, Paris 7e

du 7 mars au 1er juillet