Sarah Tritz, L’œuf et les sandales

Par Sylvie Fontaine28 septembre 2014In Articles, Expositions, Revue #7

 

Le Centre d’Art Contemporain de l’ancienne station thermale de Pougues-les-Eaux accueille le travail d’une jeune artiste qui se définit plutôt comme une peintre en trois dimensions. En réalité son œuvre oscille entre sculpture et peinture. Elle exploite de nombreux matériaux comme le béton, le bois et les objets trouvés qu’elle assemble de façon volontairement maladroite et combine à des toiles colorées et des dessins. C’est au fil de ses promenades urbaines que cette glaneuse prélève des fragments de la réalité quotidienne, en l’occurrence toute sorte d’éléments disparates et incongrus qui donnent naissance à des combinaisons abstraites ou figuratives. Pour elle, la notion d’immédiateté est importante et ses installations successives sont proposées comme autant d’expériences de construction/déconstruction qui invitent le spectateur à une déambulation,  délimitée par de petits murets carrelés sur lesquels elle intervient également. Le rapport au corps est primordial dans son travail : corps du spectateur confronté aux œuvres, corps de l’artiste suggéré par les empreintes et moulages de pieds et de mains, corps des sculptures habitées de photos et bibelots.

Cet univers joyeux et foisonnant résulte d’un questionnement de l’image et de la représentation et s’exprime au travers de ses « peintures spatialisées ». Sarah prend en compte l’incroyable hauteur et l’architecture du lieu pour proposer deux pièces monumentales : une sculpture anthropomorphe et une fresque, réminiscence de celles présentes dans les halls de gare…

Comme le dit la commissaire et directrice du Centre d’art, Sandra Patron : « il s’agit d’une démarche à la fois intuitive et érudite. Ici, la peinture sort de son cadre et acquiert un rapport à l’espace et à l’architecture grâce à la sculpture… » L’artiste revendique le mélange des genres, des époques et des styles et joue avec les matières, les formes et les références à la littérature et l’art. Elle admire aussi bien Rauschenberg et Paul Thek que Goya, Piero de la Francesca ou Schwitters…

Ces édifices inachevés, réalisés toutefois avec une extrême rigueur, nous permettent d’imaginer un paysage habité d’une grande force lyrique et d’une poésie extrême…

Quant au titre, rapprochement aussi incongru que dans certaines pièces de ses installations, il se doit d’éveiller la curiosité du spectateur, le mettre en état d’alerte et laisser ainsi libre cours à l’imaginaire…

 

 


INFOS:

Parc Saint Léger
Centre d’art contemporain
Avenue Conti, Pougues-les-Eaux
jusqu’au 25 mai
Pop up à la Friche la Belle de Mai, Marseille
jusqu’au 6 juillet