Rêver la neige

recouvert en une nuit. Cette sensation, au matin, d’un monde autre, ralenti, distant et distendu. Nous redécouvrons alors des lieux hier familiers, aujourd’hui tout neufs ; les mêmes pourtant. Inquiétante étrangeté.

L’exposition Soudain… la neige nous plonge dans cette atmosphère, avec des oeuvres à l’esthétique floue, jouant sur la dilution et l’effacement des formes.

Sortons un moment d’un monde cartésien, carré, défini, contrôlé, et accueillons l’indécision, le vagabondage des sens et de la pensée. Au-delà des formes visibles et des concepts que nous leur accolons, d’autres images surgissent, venues du fond des temps ou de notre mémoire. Dans ce paysage qui nous semble un premier matin du monde, où l’élément eau hésite entre liquide et solide, et où l’habitude du rationnel vascille au profit de l’attrait du mystère, elles surgissent de l’inconscient. Elles racontent d’autres histoires, d’autres temps, d’autres lieux.

Isabelle Giovacchini, entrée dans l’art par les monochromes d’Yves Klein,

réinterroge la photographie par des procédés assez complexes : pour sa série de paysages de montagne avec lac, elle obtient des images floues, comme vues à travers le brouillard, en imprimant des images trouvées sur internet, qu’elle tire sur papier argentique.

A travers ses oeuvres et celles des autres artistes invités, le regardeur est ainsi amené à réinterpéter une réalité dissoute, à rêver ce qu’il voit, sans en omettre  l’aspect fantastique.

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

MABA, Maison d’Art Bernard Anthonioz

16, rue Charles VII, Nogent-sur-Marne

du 5 novembre au 31 janvier 2016