Paradoxales – L’art au féminin

 

 

Sur son site d’Angoulême, le Frac Charentes-Poitou poursuit son cycle d’expositions consacrées à des artistes femmes. Paradoxales en présente 17, avec presque autant de mediums, dont certains, typiquement « féminins », sont revisités, détournés, passés du statut artisanal au statut artistique. Toutes les œuvres sont issues de la collection.

Paradoxe : contraire à l’opinion commune.

L’exposition présente des œuvres qui, chacune, racontent une autre histoire que celle dont nous avons l’habitude. Mais n’est-ce pas le cas de tous les artistes ?

Parmi celles-ci, Christelle Familiari montre une série de vêtements tricotés par l’artiste : Les objets en laine. Mais quels vêtements ! les formes sont issues de gestes intimes, ainsi mis au jour, suggérant des usages du corps renouvelés, comme la Cagoule pour amoureux, qui favorise les baisers, ou le Soutien-gorge, qui appelle les caresses. Le plaisir, toujours subversif, est au cœur de ce travail discrètement politique.

Le corps est encore au centre chez Nadira Husain, avec le grand tableau Performative Body – Embodied Performances (Red). L’artiste, d’origine indienne, mêle des codes de cultures différentes. Dans cette œuvre, elle fait référence à Olympe de Gouges, figure emblématique de la Révolution française et considérée comme pionnière du féminisme, et à Shiva, dieu hindou à quatre bras représentant la pulsion rythmique de l’univers, la protection, la destruction et l’espoir de libération, enrichissant ainsi la réflexion féministe d’autres points de vue.

Pour Béatrice Lussol, N°547 01/08/2013, le corps est dans tous ses états, torturé, hybridé. L’aquarelle le rend flou, sans forme définie, ouvrant la voie à toutes sortes d’interprétations.

Le corps est absent chez Agnès Vitani : Le gardeur est un manteau ou une cape de feutre, sans ouverture, clos sur lui-même, vide, comme un portrait sans corps. L’œuvre a pourtant une présence majeure dans l’exposition, grâce à sa forme et ses dimensions imposantes, et à ses couleurs vives.

Les dessins de Kristina Solomoukha Paysage 1 et Paysage 2, représentent des déserts industriels, le paradoxe ici consistant dans le medium utilisé : la broderie, mais mécanique, aussi impersonnelle que les environnements qu’elle nous montre.

Agnès Geoffray nous parle d’engagement en réinterprétant des archives de l’artiste Claude Cahun dans l’installation Der Soldat ohne Namen. Elle reproduit sur des carrés de soie des poèmes écrits par Claude Cahun et sa compagne en 1940 qu’elles glissaient dans les poches de soldats allemands pour les inciter à la désertion. Elles furent condamnées à mort pour cela et graciées à la Libération.

Bien d’autres thèmes traversent cette exposition : culture féminine et patriarcat, mémoire et contemporanéité, tradition et queer…

Notons le partenariat entre le Frac Poitou-Charentes, l’Université et le Musée Sainte-Croix de Poitiers en faveur de jeunes commissaires d’exposition, ainsi que The Player, programmation de vidéos de jeunes créateurs. Cette saison seront présentées celles d’Ymane Fakhir, Nuria Güell, Allison Schmitt, Louise Fauroux, Margot Sparkes, Étienne de France, Jean-Baptiste Georjon et Paul Heintz.

 


INFOS :

 

Paradoxales

du 4 février au 3 octobre 2022

Frac Poitou-Charentes

63 boulevard Besson Bey, Angoulême