« où est la maison de mon ami »

Exposition collective d’artistes syriens

L’exposition collective de 20 artistes syriens, clin d’œil au film d’Abbas Kiarostami de 1987, est réalisée par trois femmes commissaires : Paula Aisemberg, Dunia AL-Dahan et Véronique Bouruet Aubertot, qui ont créé le collectif « portes ouvertes sur l‘art contemporain syrien ».

Les œuvres présentées indiquent chacune une problématique de ce cauchemar syrien, elles le disent surtout à travers des paradoxes : la beauté, l’humour, la plasticité et l’informel qui peuvent être un écho à la réalité. C’est ainsi que le réel est rendu visible sous la lumière de l’espoir.

Cet espoir constitue un fil rouge de l’exposition où les artistes montrent que l’art est une force qui détruit ou affaiblit les destructeurs.

En relais à l’exposition a eu lieu une journée d’études aux Beaux-Arts de Paris le 1er mars concernant l’art contemporain syrien. L’histoire d’une révolution visuelle sur une intervention de Laurence Bertrand Dorléac qui a développé un historique sur les artistes qui ont dû quitter leur pays depuis le début du siècle dernier. Révéler ainsi la force que les artistes syriens vont acquérir afin de poursuivre en montrant que la vérité existe plus dans l’immigration que dans le réel.

Ce qui fait résonnance dans cette exposition, ce sont toutes les œuvres où la beauté détruit la laideur du monde, ce n’est bien sûr pas une beauté mièvre qu’aurait chassée Rimbaud. Cette exposition est une invitation à rencontrer l’espoir et chacun des artistes le démontre d’une manière singulière.

Randa Maddah

Elle le dit dans un plan séquence fixe tourné dans sa maison en ruines qu’elle réaménage en effectuant des tâches ménagères. Dans la dernière partie de la vidéo, dos à la caméra, l’artiste s’assoie et contemple le paysage où l’horizon est lumineux.

Tammam Azzam

Dans « bon voyage », il réalise une apothéose du paradoxe : la photo d’un immeuble éventré par la guerre, emporté dans un ciel tumultueux par un bouquet de ballons multicolores.

Ola Abdallah

Elle exprime, par ses toiles abstraites, des paysages « qui échappent aux formes rationnelles et où le tableau regorge de vibrations colorées à l’harmonie presque musicale ». Elle témoigne ainsi des strates du temps rappelant que sa ville de naissance est l’une des plus anciennes du monde.

Décrire toutes les œuvres serait un risque que le lecteur ne s’épuise et n’envisage pas d’aller voir cette exposition croyant avoir tout compris et le sentiment d’avoir déjà vu les œuvres. Mais bien sûr votre regard et vos sentiments se révèleront face à cette « POESIE DU MALHEUR ».

Juste un petit clin d’œil final : ne pas oublier de descendre dans les toilettes pour voir l’œuvre de Khaled Dawwa qui interroge la coalition internationale, rappelant les enjeux de cette guerre protéiforme. « L’artiste dénonce l’impuissance et l’ingérence des états membres ». Tournés en ridicule, ils apparaissent tous reliés les uns aux autres se tenant par l’épaule, avec le risque, si l’un tombe d’entraîner tous les autres dans sa chute ……

Par Jacques CHARLES


Infos :

« où est la maison de mon ami ?  »

La maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff

105, avenue du 12 février 1934, Malakoff

Jusqu’au 09/06/2019