Otobong Nkanga à la Fondation Kadist

Par Sylvie Fontaine18 octobre 2015In Articles, Revue #11, 2015

D’origine nigériane, après des études d’art à Ifé/Nigéria puis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et à la Rijksakademie d’Amsterdam, Otobong Nkanga s’installe entre Paris et Anvers.

Encore étudiante à Ifé elle découvre, lors de déambulations avec son professeur, l’importance de l’architecture et de l’environnement sur les comportements et modes de pensée. Elle s’intéresse alors à nos rapports à la terre et aux ressources naturelles au travers d’un large spectre de techniques et supports – dessins, peintures, installations, vidéos et performances -. Par une réflexion sur leur utilisation et leur valeur, elle témoigne de façon poétique des problématiques environnementales et des modes de vie qui en découlent.

L’artiste préfère la forme orale à celle de l’écrit, réminiscence des griots et conteurs de son enfance au Nigéria où performance et narration sont omniprésentes et donc primordiales pour elle. Sa voix et son corps lui permettent de véhiculer ses idées et sont souvent les points de départ d’un travail de restitution qui fait suite à une investigation sur un territoire donné. La récolte d’objets, d’informations, et d’échanges est ensuite retranscrite sous forme de dessins et installations renvoyant à la fragilité de la condition humaine.

Au travers de ses recherches, elle explore les notions d’identité et de spécificité culturelle. Elle met en scène les enjeux des déplacements de matières premières, puisant autant dans la mémoire individuelle que collective. Dans l’installation « In pursuit of bling », elle relate l’histoire du mica, de son exploitation, de son exportation et des conséquences sur le plan géographique, politique, économique et humain. Dans de superbes dessins d’une extrême précision et de grandes installations, un réseau complexe et structuré révèle les connections entre hommes objets et documents, et forme respectivement une étrange machinerie ou un vaste paysage suspendu.

A la Fondation Kadist, l’artiste montre la deuxième partie d’une exposition présentée à Portikus/Francfort sous le commissariat de Clare Molloy, suite à une recherche en Namibie autour d’une mine désaffectée. Au travers d’un dessin mural, d’une installation et d’une vidéo elle traite des paradoxes de l’exploitation de malachite et d’azurite, de leur valeur accordée et de la notion de territoire. Tout en laissant place à l’imaginaire et à l’émotion elle nous incite à une prise de conscience du monde dans lequel nous vivons. Ne manquez pas cette première exposition personnelle dans une institution en France d’une artiste à suivre de toute évidence…

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

Comot Your Eyes Make I Borrow You Mine

Fondation Kadist

19bis-21 rue des trois Frères, Paris 18è

jusqu’au 20 décembre 2015