Oscar Muñoz, Protographies

 

Oscar Muñoz confronte la réalité sociale et meurtrière de son pays, la Colombie, aux enjeux de la matérialité de l’image, autour des questions de la trace, l’apparition et la disparition. Le Jeu de Paume propose un panorama de 40 ans de sa carrière autour des séries majeures, poétiques et métaphoriques à forte charge psychologique. « Protographies », néologisme volontaire, symbolise les tensions entre les événements et leurs témoins par son utilisation de substances éphémères (fragilité de la mémoire) et l’implication physique du spectateur (traversée, jeux de miroirs et reflets du visage, empreinte par contact). Une expérience sensuelle et conceptuelle à la fois, où les frontières entre chaque medium s’effacent, à l’aide de l’exploration de processus non conventionnels et d’éléments fondamentaux liés aux cycles de l’existence. Du début de sa pratique dans les années 70, à Cali, dans l’effervescence culturelle d’alors, jusqu’à de nouvelles créations produites pour l’exposition, se dessinent des constellations qui se répondent entre elles, à l’image des mouvements instables et fluctuants du délitement du souvenir. Ainsi de cet autoportrait emblématique de l’artiste, aspiré par l’eau charbonneuse d’un lavabo, ou encore apparaissant dans le creux de sa main qui vacille, se décompose et se recompose, telle une encre sur une surface. Art de la dissolution, temps de la révélation, Oscar Muñoz sculpte l’érosion, ce moment décisif antérieur ou postérieur à la fixation pour toujours d’une image, latente.

 


INFOS:

Jeu de Paume
1 place de la Concorde, Paris 8è
du 3 juin au 14 septembre