Œuvres de la collection Lafayette Anticipations au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Par Artais30 octobre 2019In Articles, Paris, 2019, Revue #23

Commissaire à l’ARC, le département d’art contemporain du désormais Musée d’art moderne de Paris, Anne Dressen est à l’origine notamment des expositions «Trans» (Frac Aquitaine), «Decorum», «Medusa», «Sturtevant » ou «Seconde Main». Elle signe à l’occasion de la réouverture du musée, l’exposition «You, Œuvres de la collection Lafayette», à partir des 330 pièces de la Collection Lafayette Anticipations – Fonds de dotation Famille Moulin. Une première dont elle nous dévoile les catalyseurs et forces en présence.

You, Pourquoi le choix de ce titre ?

Le point de départ est le titre d’une œuvre de Mélanie Matranga, emblématique selon moi, à la fois de la collection Lafayette et de l’exposition que j’ai voulu articuler autour de l’idée de proximité, de tutoiement, de relations donc, que ce soit entre les personnages de la vidéo, ou par extension entre toutes les œuvres de l’exposition.

Je souhaite interroger les rapports entre les œuvres, entre les visiteurs et les œuvres, mais aussi entre les visiteurs entre eux, certaines leur faisant prendre conscience de leur propre corps, et de leurs propres regards.

Ce titre, sans l’expliciter nécessairement, suggère cette sorte de porosité, de contagiosité que l’art peut procurer et cette sensibilité que la plupart de ces œuvres partagent.

De plus, ce qui m’intéresse dans l’emploi du pronom anglo-saxon est l’indifférenciation entre le tutoiement et le vouvoiement alors qu’en français le  « vous » induit davantage une distanciation, et une hiérarchie respectueuse, voire soumise.

Quelles lignes de force avez-vous souhaité privilégier dans la sélection des œuvres et comment cela se traduit-il dans le parcours ?

J’ai sélectionné une cinquantaine d’œuvres que je présente dans un parcours circulaire en accord avec l’architecture du musée et qui relève du sensoriel ; j’ai choisi d’articuler l’exposition autour de quelques matériaux qui constituent soit physiquement une œuvre, soit la définissent de manière indirecte et figurée.

J’ai aussi croisé deux systèmes de pensée différents : d’une part la théorie des éléments occidentale, qui remonte à l’antiquité, et d’autre part sa version orientale. Dans la première théorie prédominent : l’eau, le feu, l’air et la terre alors que dans les pays asiatiques le métal est aussi constitutif d’une vision du monde. Cela me semblait intéressant   de parler de contagions à la fois chimiques et métaphoriques entre les œuvres et les sections qui in fine constituent un tout, l’exposition.

Quel dénominateur commun se dégage de ce panorama ?

Ces œuvres acquises par le fonds depuis 2005  révèlent, dans la pluralité de leurs médiums, une sorte d’opacité et constituent plus des questionnements que des réponses péremptoires. Beaucoup d’entre elles contiennent une forme de performativité inhérente, à la limite de la matérialité, repoussant les frontières et les limites de l’œuvre communément admises. Elles sont très conscientes de notre monde en mutation, tout en restant ouvertes et poétiques.

 

Par Marie de la Fresnaye


Infos :

Musée d’art moderne de Paris

11, Avenue du Président Wilson, 75116 Paris

You, Œuvres de la collection Lafayette Anticipations

du 11 octobre 2019 au 16 février 2020

Week-end festif gratuit et ouvert à tous et toutes du 11 au 13 octobre