Nøne Futbol Club,une saison en enfer pour les Eglises
None Futbol Club est un duo d’artistes dont on garde en mémoire la voiture de police, entièrement démontée et remontée à l’envers lors du 58ème Salon de Montrouge en 2013, et qui leur valut le Prix du Conseil Général des Hauts de Seine. Ce nom étrange, résulte de l’association de la négation « none – personne » relatant une ambiguïté autour du créateur, et « futbol club » évoquant le travail en équipe et une référence constante à la culture populaire.
Le message est clair : humour et second degré, engagement et dimension politique sont convoqués dans les installations, sculptures et vidéos de ce duo créé lors de leur rencontre dans l’atelier de Jean-Luc Vilmouth à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Ils s’inspirent du réel, dans leur environnement ou dans l’actualité, pour le transformer en une fiction à différents niveaux de lecture. La vidéo « work n°096, Just married », clin d’œil à l’actualité et aux manifestations lors de la loi sur le mariage pour tous, consistait à accrocher subrepticement la pancarte « Just married » et une batterie de casseroles à l’arrière d’un bus. Lors de leur exposition « The Bold and The Beautiful », ils proposaient une réflexion autour de la sacralisation du corps et le « paraitre », avec un Bodybuilder en caramel mou et des photographies de visages, étirées à l’aide d’élastiques. « Blue eyes- La ronde de nuit », présentée pendant la Nuit Blanche 2014, évoquait une ville en état d’urgence avec des gyrophares remplaçant l’éclairage public sur le Pont Tolbiac.
Pour le Centre d’art des Eglises à Chelles, dans le cadre de la saison consacrée à la question des savoir-faire, ils réactivent une œuvre présentée aux Beaux-arts et pour le Prix Sciences Po, et en proposent une nouvelle version sous le titre d’ « Une saison en enfer » emprunté au recueil de poèmes d’Arthur Rimbaud. Dès l’entrée, le spectateur est propulsé dans l’œuvre, et surplombe une chaine de production où des pigeons réalisent inconsciemment une peinture dans un doux roucoulement de satisfaction. Peu à peu le message « Hold on » apparait, signifiant en français -ne pas raccrocher ou tenez bon-, qui peut être perçu comme un message publicitaire, politique ou sécuritaire… Il faut alors vaincre le vertige et s’avancer vers le deuxième espace où « l’usine » est alors révélée au visiteur. Une centaine de pigeons, installés sur des perchoirs en forme de lettres, réalise une « dropping painting- peinture de chutes » qui sera ultérieurement proposée à la vente dans la galerie Derouillon. Temps et processus sont ici convoqués. Au travers du titre rimbaldien de l’exposition à la galerie, « Alchimie du verbe », le duo questionne le rôle de l’artiste de par la transformation de la fiente de pigeon en œuvre à valeur marchande.
Cette belle métaphore de l’entreprise, filmée quotidiennement par « une caméra de surveillance », donne à voir une œuvre en constante évolution et fort différente selon le moment de la journée et les variations de lumière…et l’espace s’en trouve, une fois encore, complètement métamorphosé !
INFOS PRATIQUES
Les églises Centre d’art contemporain de la ville de Chelles
1 Rue Louis Eterlet, 77500 Chelles
jusqu’au 31 mai
Galerie Derouillon
Alchimie du verbe
38 Rue Notre Dame de Nazareth, Paris 3e
jusqu’au 2 mai
Iconoscope
Smash and Grab
1 rue du Général Maureilhan & 25 rue Faubourg du Courreau, Montpellier
jusqu’au 6 juin