Moussa Sarr, vidéo-fabuliste !

« Devenir un cliché pour tordre le cou aux clichés »

Jeune artiste diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Toulon, Moussa Sarr, né en Corse, poursuit ses axes de recherches au Fresnoy, tandis que nombre de ses œuvres intègrent des collections prestigieuses. Se saisissant de la caméra comme d’une arme, il se met en scène dans de courtes videos mûrement pensées, autour des questions du préjugé, du racisme et de la discrimination, transformant son atelier en espace de métamorphose et lieu de refuge. Il puise son répertoire aussi bien dans les fables de La Fontaine que dans l’actualité. Le règne animal est son terrain de jeu, vecteur de postures qu’il campe à merveille (Fredi la Mouche, L’orgasme du singe, L’étalon noir, Duo de chats). Mais au-delà de cet humour premier se cache une ironie plus corrosive, comme avec « Mère patrie » où l’on assiste à la fessée de l’artiste par une blanche main non innocente, « J’accuse ! », où il lutte d’un doigt menotté contre une lourde altère, « Romance », performance publique où il s’arc-boute à une chaîne pour soulever ce qui ressemble à un poste de télévision, comme un forcené de l’image, ou « Rising Carpet », vrai tapis de prière marocain transformé en tapis volant grâce à un drone. Chacun est libre alors de son interprétation, il n’est jamais question de donner des leçons. Il complète son approche par des  photographies, des sculptures ou des peintures, comme c’est le cas avec le projet Asile, fruit de la commande de l’Hôtel des Arts, centre d’art du Var, à l’occasion du Festival Photomed. Investissant tout le premier étage du lieu, il peut donner libre cours aux multiples facettes de son talent et nous dévoiler des oeuvres spécialement créées pour l’occasion. Les masques tombent dans le petit monde de l’art et « Duck Man« , apprenti philosophe et critique d’art n’a qu’à bien se tenir devant « Super Congo« , alias ce chimpanzé célèbre pour avoir vendu aux enchères ses toiles qualifiées par les experts d’expressionnistes abstraites. Morale d’une fable très contemporaine, ces nouveaux personnages qui déjouent nos projections et pronostics donnent envie de franchir la porte de l’atelier se dessinent les contours de nouvelles satyres.

 

Par Marie de La Fresnaye


Infos :

Moussa Sarr

Asile

Hôtel des Arts – Toulon

Centre méditerranéen d’art

du Département du Var

236 Boulevard Général Leclerc, Toulon du 14 mai au 19 juin