Mohamed Bourouissa au MAM*

Né à Blida en 1978, l’artiste franco-algérien Mohamed Bourouissa interroge la notion d’échanges et de valeur à partir de son intérêt pour les marges, les exclus et les lieux délaissés par l’art contemporain comme la rue et ses rituels. Il se fait remarquer avec les vidéos « Temps Mort » et « Legend » autour des vendeurs de cigarettes à Barbès, et du quotidien d’un détenu en prison, captées dans des conditions clandestines et une esthétique basse définition et instable.

Des banlieues parisiennes, il déplace le curseur aux Etats-Unis pour ausculter un nouveau territoire, les écuries de Fletcher Street, dans le quartier désoeuvré de Northwest à Philadelphie, rare ville où il est possible encore de se déplacer à cheval. A l’occasion de cette résidence, l’artiste construit un projet et concours inédit de Tuning avec la communauté de ces cavaliers afro-américains, qui tentent de maintenir leurs traditions, malgré la politique de répression de la municipalité. La collaboration entre des artistes et comédiens et des cavaliers le temps de ce projet collectif, permet à l’artiste une immersion dans le quotidien de ce quartier, avec ses codes et la symbolique du cheval que la mythologie américaine de la conquête rapproche du cheval. Une passerelle inédite, matérialisée notamment par les tirages photos des chevaux et cow boys sur les capots de voiture.

« Horse Day » retrace cette aventure humaine fédératrice, et agit comme le point de départ de l’exposition qui regroupe un large corpus de dessins, portraits de cavaliers, parures et costumes de chevaux, photographies grand format, sculptures, collages, avec des pièces créés pour l’occasion.

Interrogeant la fragmentation du territoire, les stratégies de résistance, le hors-champ en la figure souvent ignorée du cow-boy noir, Mohamed Bourouissa, entre documentaire et fiction, brouille les codes de représentation du réel et stéréotypes sociaux-culturels liés aux minorités. Après le Stedelijk Museum (Amsterdam) et la Fondation Barnes (Philadelphie), l’exposition « Urban Riders » arrive à Paris au musée d’art moderne dans une version enrichie, déclenchant chez l’artiste de nouvelles recherches à partir de certaines pièces des collections du musée, autour des questions des codes de représentation et de diffusion du récit dans l’histoire de l’art.

 

Par Marie de La Fresnaye


Infos :

Mohamed Bourouissa, Urban Riders

Musée d’art moderne de la Ville de Paris – ARC

11 avenue du Président Wilson, Paris 16è

du 26 janvier au 22 avril