Mille et une vies vous attendent à l’Espace Monte-Cristo
À gauche Kim Simonsson, Sitting biologist, 2023, Série "Moss People", grès émaillé, fibres de nylon, 65 x 45 x 40 cm, Collection Danièle Marcovici © Bertrand Michau À droite Stephan BALKENHOL, Bear, 2023, bois de wawa peint, 169,50 x 29 x 29 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau
À gauche Jean-François Fourtou, Sans titre (Nanitos aux caisses), 2019, résine, métal et matériaux synthétiques, 210 x 60 x 80 cm, Collection RAJA – Art contemporain, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sans titre (Escargots), 2022, résine, 16 éléments, dimensions variables, Courtesy de l’artiste © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Papillon n°4, 2020, résine polyuréthane et polyester fibres synthétiques peinture polyuréthane, tissu Taffeta – 80, 70 x 80 x 12 cm, Courtesy de l'artiste© Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau À droite Klara Kristalova, Youth as I remember it, 2020, porcelaine émaillée, 64 x 45 x 33 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau
À gauche Nick Cave, Soundsuit, 2016, mannequin, cheval de bois et autres jouets, gants, fils et métal, 299,72 x 152,40 x 139,70 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau À droite Daniel Firman, Justine - 2nd mouvement, 2020, résine, vêtements, perruque, chaussures, 170 x 55 x 63 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau
À gauche petits masques Jacin Giordano, Mask for hunting rainbows (dot face), 2013, laine et acrylique sur toile, 43 x 29 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau Mask for hunting rainbows (pumpkin), 2013, laine et acrylique sur toile, 37,5 x 28 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau À gauche grand masque Caroline Achaintre, Brutus, 2016, laine tuftée à la main, 240 x 182 x 6 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau À droite Thomas Houseago, First steps, 2023, laiton, 60,80 x 47,80 x 47,80 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau
Installation collective « Le Jardin intérieur », de gauche à droite : Laura Sellies Soit je suis morte soit je deviens oiseau, 2022, 3 mobiles en acier sculpté, haut-parleurs, installation sonore 7 canaux, 12 minutes, IAC Villeurbanne / GRAME, Courtesy de l'artiste © Bertrand Michau Francis Guerrier Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 270 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 240 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 240 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sophie Lavaux, Émergence, 2013, porcelaine, 5 éléments 15 x 270 x 120 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Antonella Zazzera, Armonico LXXXV, 2008, fil de cuivre, 130 x 580 x 5 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau
Installation collective « Le Jardin intérieur », avec : Christiane Filliatreau, Ômu, 2019, céramique technique du colombin en grès chamotté, 35 x 60 x 45 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau Francis Guerrier Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 270 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 240 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Sans titre, Série « Plume d’ange », 2012, acier peint, 240 x 49 x 49 cm, Collection Danièle Marcovici © Adagp, Paris, 2025 Sophie Lavaux, Émergence, 2013, porcelaine, 5 éléments 15 x 270 x 120 cm, Collection Fondation Villa Datris, © Adagp, Paris, 2025 © Bertrand Michau Laura Sellies, Soit je suis morte soit je deviens oiseau, 2022, 3 mobiles en acier sculpté, haut-parleurs, installation sonore 7 canaux, 12 minutes, IAC Villeurbanne / GRAME, Courtesy de l'artiste © Bertrand Michau Antonella Zazzera, Armonico LXXXV, 2008, fil de cuivre, 130 x 580 x 5 cm, Collection Fondation Villa Datris © Bertrand Michau
La Fondation Villa Datris propose, à l’occasion de son exposition annuelle, un double point de vue. D’abord celle d’une partie de sa collection, un ensemble de sculptures variées, pour certaines fraîchement acquises, qui témoignent des dynamiques de la création contemporaine sur plus d’une décennie de collection. Puis celle d’une humanité, dont la représentation plastique sur quatre stades est une escalade allant de notre matérialité jusqu’à la vie intérieure.
Évoquer l’être humain, tant du point de vue universel que de celui de l’individu, nécessite d’en passer par son environnement. Nous sommes des êtres de nature, mais il s’agit de s’interroger sur notre place dans cet ordre naturel dont nous oublions souvent la préséance. Les Trois prismes transparence d’Etienne Rey se confondent ainsi dans la végétation du patio qui les héberge, quand surgit soudain le reflet humain, aussitôt diffracté, répété, disparu. Le support miroir crée littéralement un dialogue entre l’environnement et nous, travail de la matière réfléchissante sensée engendrer notre propre réflexion sur le sujet.
La mise en parallèle des sculptures de Kim Simonsson et Stephan Balkenhol interroge ces rapports de hiérarchie, de grandeur et d’attributs. L’enfant-mousse, plongé sur lui-même dans une courbe de profonde introspection, fait ainsi dos à un ours au corps d’homme, bras croisés, dont la toise miniature n’affecte en rien celle de son regard de défi. Cette hybridité, à l’image des Nanitos de Jean-François Fourtou qui se cultivent eux-mêmes, est une forme de réponse à la quête d’harmonie entre l’être humain et son environnement originel.
Les relations à l’autre constituent le deuxième palier de cette exposition, l’individu évoluant en communauté. L’œuvre de Terrence Musekiwa questionne nos rapports à partir d’une silhouette de vieillard à échelle 1, taillée dans de la springstone et avec pour tout vêtement une tunique de fils électriques. L’artiste détisse ici l’héritage colonial de son Zimbabwe natal dans ce choix de matériaux, mais également la prétendue fluidité de nos communications : le cuivre des fils est certes un métal conducteur, mais sommes-nous réellement mieux connectés ? Entre les standards à remplir de Some assembly requires de Michael Johansson et l’agressivité du Soundsuit de Nick Cave, travestissement social pour se protéger, la vie sociale devient tant un besoin qu’un espace de lutte.
Elle trouve son pendant dans l’intimité, vie également contrastée entre refuge et réceptacle du dilemme existentiel dont le déséquilibre est traduit dans la maladresse des First steps de Thomas Houseago. C’est là aussi que se dévoile le masque Brutus de Caroline Achaintre, une tapisserie inversée dont n’est visible que la face arrière, toute tuftée. Pourtant, derrière le masque, le motif est plus clair, et les intentions de celui qui le porte aussi. Cette percée dans les pensées achève la troisième étape de ce parcours. Les deux visages de Jaume Plensa, intitulés Silence, incarnent cette voix silencieuse du dialogue intérieur, sculptures elles-mêmes difficilement discernables dans leurs détails à cause de leur distorsion et du verre teinté en blanc dont elles sont faites.
Elles sont les prémices de ce jardin, littéralement intérieur, habituellement inaccessible, qui est ici transcendé en une véritable expérience sensorielle. Dans une atmosphère humide de l’oxygène des plantes s’élèvent des comptines morcelées transmises depuis des branches d’acier suspendues, chants dont la sonorité est calquée sur les ritournelles universelles et qui entraîne l’état méditatif de celui qui s’en souvient. Cette œuvre de Laura Selliès entre en dialogue avec le tapis tissé de fils de cuivre d’Antonella Zazzera, dont les nombreux reflets fugaces sont les traces des souvenirs, souvent brumeux, captés par cet étrange attrape-rêve. Le souvenir capturé semble alors glisser sur ce toboggan conducteur d’énergie jusqu’à un point d’eau d’où émergent les champignons de Sophie Lavaux, réalisés en porcelaine papier. Ces corolles ne sont ni plus ni moins que la traduction plastique d’un souvenir personnel de l’artiste. Avec cette scénographie, la Fondation Villa Datris dévoile la machinerie à se souvenir, celle qui alimente les mille et une vies de nos jardins secrets respectifs.
Informations pratiques :
Mille et une vies
Du 19 avril au 14 décembre 2025
Espace Monte-Cristo, 9 rue Monte-Cristo
Paris 75020