Mesures et disparitions à l’Institut néerlandais

Par Sylvie Fontaine15 mai 2013In Articles, Expositions, Revue #4

L’Institut Néerlandais présente une exposition dédiée à trois artistes conceptuels hollandais ou vivant aux Pays Bas.

Tous trois ont pour préoccupation le rapport à l’espace et utilisent pour ce faire des matériaux et des formes simples. Ils s’apparentent de ce fait aussi au courant minimaliste : formes rectangulaires des monochromes sur papier pour K.Visser, éléments de base de l’architecture en bois pour K de Kooning, économie de moyens pour N. Nuur.

Navid Nuur, artiste d’origine iranienne vivant aux Pays Bas, définit son travail par le terme «d’interimodules »: “interim” en référence au caractère temporaire de l’oeuvre et « module » pour son principe d’interaction. Navid Nuur remet en cause le pouvoir créateur de l’artiste face à celui de la nature. L’idée de processus, la notion de temps, les matériaux artisanaux et la référence perpétuelle aux sciences sont les constantes que l’on retrouve tout au long de son travail.

Kees Visser sonde les mécanismes du langage, fortement influencé par Fluxus, et recompose tout d’abord des textes en tressant entre eux des livres puis des images. A partir de 1990, il développe un travail sur la série, la forme et la couleur et réalise des monochromes rectangulaires sur papiers de textures et dimensions variables et légèrement biaisés. Les modes de présentation varient et les oeuvres peuvent être juxtaposées, superposées, alignées dans des vitrines ou conçues in situ comme dans ses installations monumentales.

Krijn de Kooning propose une oeuvre-architecture irrationnelle et colorée qui parcellise une des salles de cet hôtel particulier du XIXe pour permettre au corps du spectateur de s’y mesurer et dialoguer ainsi avec l’espace. Dans chacune de ses oeuvres, l’artiste prend en compte les caractéristiques du lieu (aspérités, recoins, volumes) pour inventer une forme, réalisée avec des matériaux simples, et ainsi remodeler l’espace et en modifier la perception.

Ces trois artistes, de générations différentes, investissent le cadre exceptionnel de l’Institut et en proposent une perception modifiée et riche en couleurs.