Lucio Fontana, rétrospective

 

Artiste des perforations et des lacérations, Lucio Fontana (1899-1968) fondateur du Spatialisme dans l’Italie de l’après-guerre, icône de l’histoire des avant-gardes laisse un impact profond sur de nombreuses générations d’artistes, d’Yves Klein à Anish Kapoor, Peter Fischli, Maurizio Cattelan pour les plus contemporains : nombreux s’inscrivent dans la filiation de ses recherches et de ses écrits. Et pourtant l’homme, derrière le créateur, reste peu connu ou comme désincarné face à une oeuvre polymorphe à la conquête de nouveaux espaces. Il a inventé un nouvel art en lutte avec le déterminisme de l’histoire, où la question du sacré et des forces telluriques ne doit pas être éclipsée.

Le musée d’art moderne de la Ville de Paris est le premier, deux ans après sa mort, à lui consacrer une exposition en 1970, suivi par le Centre Pompidou.

Il revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec une nouvelle rétrospective en collaboration avec la Fondazione Lucio Fontana de Milan couvrant l’ensemble des grands cycles de sa production, de la fin des années 1920 à sa mort. Plus de 200 sculptures, toiles, céramiques, environnements, dessins dont certaines pièces montrées pour la première fois en France, dans un parcours chronologique, révèlent les ressorts d’un engagement esthétique qui repose sur la radicalité d’un geste qu’il pousse jusqu’à une violence extrême. Refuser la bidimensionnalité pour tendre vers l’immatériel, la toile n’étant qu’illusion : concept clé qui résume toute sa pensée.

A travers les Bucchi, Olii et Tagli (trous, coupures, béances,fentes multiples) jusqu’aux entailles sur monochromes, les Concetto Spaziale, le cheminement n’est pas qu’iconoclaste, et entend ouvrir une brèche métaphysique, au bord de l’abîme. L’exposition nous mène de l’atelier de son père, sculpteur italien immigré en Argentine, où nait son goût pour l’expérimentation, à ses manifestes autour des concepts de temps et d’espace, pour arriver à la consécration et la Biennale de Venise. Il y remporte le Grand prix de la peinture. C’est un large panorama et de nouvelles pistes de lecture qui s’offrent à nous d’une oeuvre aussi emblématique qu’énigmatique.

La galerie Tornabuoni Art, qui possède un nombre important de ses oeuvres, est l’un des principaux prêteurs privés. Elle propose conjointement une exposition inédite autour du chef d’oeuvre retrouvé « Le Jour » de 1962, l’une des plus grandes toiles sur fond doré, perforée par l’artiste, dans la maison du collectionneur Louis Bogaerts à Knokke en Belgique. Le film de la performance est visible à la galerie et au musée.

 


INFOS:

Musée d’art moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson, Paris 16è
jusqu’au 24 août