Lionel Sabatté, une autre idée de la mort

 

Il y a quelque temps, Caroline Smulders nous avait fait connaître ses loups en moutons ramassés dans le métro : magnifiquement installés dans une cave, ils étaient impressionnants !

A la galerie Jean-Collet, nous en retrouvons deux, qui semblent veiller sur l’exposition monographique, la première de cet artiste en centre d’art.

Son univers est hybride : animal, humain, minéral s’y croisent et s’y greffent. Les « moutons » du métro agglomèrent à des poussières, des parcelles de nos corps. Il les dispose sur du papier, et là, des formes émergent, personnages dansants et énigmatiques.

C’est avec les déchets les plus invisibles et insignifiants de son propre corps, ongles, lambeaux de peau, qu’il répare les papillons abîmés. Dépouilles mortes et malades, abandonnées, inutiles.

Dans des taches, non pas d’encre, mais de béton, il découvre des profondeurs, qu’il griffonne pour les creuser encore, faisant apparaître des images, des visages.

Notons encore entre autres la rose engluée dans le béton ; ou est-ce le béton qui a coulé de ses veines ? Le béton gagne-t-il sur le végétal ou sommes-nous face à un cyber-végétal capable de surgir du ciment – et peut-être de s’en nourrir ? Une nouvelle forme de vie d’après la catastrophe ?

C’est ce que pourrait aussi suggérer la pièce qui nous accueille, symbiose de fer et de bois, explosion figée mais portant en elle une promesse de violence. Nature et production humaine conjuguées ou nature se révoltant contre les agressions de l’homme. Notre histoire actuelle est là.

Lionel Sabatté travaille ses séries parallèlement, elles s’enrichissent mutuellement de nouvelles formes, de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques, comme lorsqu’il réutilise le fer à souder des sculptures métalliques dans ses dessins brûlés.

D’ici peu, ses êtres hybrides iront faire la nique aux poissons de l’aquarium du Trocadéro.

 


Infos :

Galerie municipale Jean-Collet
59 avenue Guy-Môquet, Vitry-sur-Seine
Parenthèses et suspensions (…)
jusqu’au 13 octobre

exposition à l’aquarium du Trocadéro
Paris 16è
janvier 2014