« L’Infra-media » selon Andrés Ramirez

Par Sylvie Fontaine2 septembre 2017In Articles, 2017, Revue #16

L’artiste Andres Ramirez, diplômé des Beaux-Arts de Paris et lauréat du Prix YIA 2016, est également danseur de formation et passionné de musique « Noise ». Il mène une réflexion centrée  sur le principe de « cadrage-décadrage-recadrage », explorant les rapports entre le cadre, le socle et l’image dans des interventions architectoniques.

Le procédé d’assemblage de formes élaborées de façon intuitive, serait possiblement hérité de l’artiste allemand Blinky Palermo (1943-1977) dont le travail l’a marqué. Les installations sont réalisées par l’association de structures métalliques issues de la production industrielle, de formes abstraites ou référencées, d’images distordues, de mots à portée symbolique et de logotypes empruntés à la communication visuelle.  La référence à la peinture s’exprime au travers d’une superposition de strates faisant appel à l’utilisation de différentes techniques d’impression sur toile, plexiglas ou verre.

Le spectateur se trouve face à des dispositifs où un élément métallique enserre ou jouxte une sculpture, une sérigraphie ou un objet mettant en évidence un intervalle et une tension entre les différents éléments. Lorsque l’installation occupe l’espace, le visiteur est invité à appréhender l’œuvre sous ses différents angles mais il est alors confronté à un dilemme : peut-il pénétrer à l’intérieur de la structure ouverte ou au contraire rester extérieur, respectueux de l’enceinte sacrée ? Le sanctuaire est d’ailleurs souvent gardé par un serpent à la beauté vénéneuse… Le rapport à l’espace mais aussi le rapport au corps et le mouvement sont indissociables et certainement liés à sa formation initiale de danseur. Il avoue par ailleurs une grande admiration pour l’artiste américain Larry Bell dans ses rapports aux angles et à l’espace.

L’œuvre « LL/FF second vision », significative de son travail, a été réalisée suite à sa résidence à la Fondation Hermès où il a imprimé un corpus graphique sur des textiles, conjuguant références picturales, répétition de motifs et méthodologie. Dans « the sun no longer sets me free », seule l’ossature en aluminium du cadre est fixée au mur et les éléments sculpturaux et picturaux gisent au sol, comme une réflexion sur les aspects structurels et conceptuels du tableau. Les titres de ces formes hybrides sont assez souvent des fragments des textes de l’artiste ou encore des citations empruntées à sa culture musicale.

Réappropriation et détournement sont à la base de ce travail où des références au minimalisme et au design industriel mais également au psychédélisme et bien évidemment à la peinture sont perceptibles. En envisageant le message comme medium, l’artiste initie une réflexion sur les medias de communication et la distorsion de l’information et de l’image.

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

17 squares is a love song. Backwards

Galerie Escougnou-Cetraro

7, rue Saint-Claude, Paris 3e

du 20 mai au 24 juin