Les archipels de Julien Creuzet

 

Julien Creuzet est diplômé des Beaux-arts de Caen et du Fresnoy et originaire de la Martinique, carrefour des civilisations africaines européennes et indiennes. De ce fait, cet artiste pluridisciplinaire bien ancré dans son époque, revendique un syncrétisme, aussi bien temporel que géographique, avec des références au culte animiste, à l’histoire du colonialisme, à l’identité française.

Ses expositions se présentent souvent sous forme de paysages constitués de formes échouées qui sont souvent des références à la sculpture des années 80 et un hommage à des artistes tels Deacon, Rauschenberg ou Morris. Le spectateur est alors invité à déambuler dans ce monde onirique empreint d’un questionnement sur la standardisation des cultures et les effets de la mondialisation.

Sculptures, installations, vidéos et poésies sont réalisées à l’aide de matériaux simples comme le bois, la fibre textile, le papier, les coquillages. Les éléments récurrents tels les étagères en bois, symboles de construction, font référence au transport des esclaves ; les coquillages servent à éloigner les mauvais esprits et sont les outils de communication de l’époque ; la femme est une figure primordiale dans la culture créole ; le verre de Murano servait de monnaie d’échange dans le commerce des esclaves ; le pigment rouge appelé roucou est utilisé dans les peintures faciales des autochtones et évoque le transport des épices. Des objets du quotidien détournés , tels écrans et téléphone portable, représentent le monde actuel.

Cette relecture de l’histoire est fortement marquée par les écrits d’Edouard Glissant, le père des notions  de «créolisation, métissage d’arts ou de langages qui produit l’inattendu… »  et de «tout-monde, l’univers dans sa diversité physique… ».

L’exposition Opéra-archipel, ma peau rouge, henné, présentée au Frac Basse-Normandie, fait suite à son Opéra-archipel montré lors de sa résidence à Noisy-Le-Sec.  Comme souvent chez Julien Creuzet, des « petits bouts d’œuvres-îles »  éléments d’ici et d’ailleurs, de son environnement direct comme d’une histoire plus lointaine, dialoguent au sein de cet archipel.

Cet artiste pluriel qui traverse les frontières de l’art, nous révèle un univers hautement poétique, joue avec les mots et les images et « souhaite donner un écho aux rumeurs du monde ».

 


INFOS :

FRAC Basse-Normandie
9 rue Vaubenard, Caen (Calvados)
du 7 mai au 21 juin