Les Amazones à l'honneur à la Fondation Villa Datris, espace Monte-Cristo
"Tissage, tressage.. quand la sculpture défile à Paris !"
« Tissage, tressage.. quand la sculpture défile à Paris ! » est la reprise par l’espace Monte-Cristo de l’exposition à l’Isle sur la Sorgue organisée en 2018 par Danièle Kapel-Marcovici mécène et fondatrice, qui avait recueilli un vif succès (45 000 visiteurs).
Depuis qu’elle a créé en 2011 la Fondation Villa Datris pour la sculpture contemporaine en parallèle d’expositions plurielles, la cheffe d’entreprise a constitué une collection ambitieuse que l’on peut admirer ici à Paris à cette occasion.
Si l’espace provençal est majestueux dans cette belle demeure entourée de nature et bordée par la Sorgue, l’espace Monte Cristo dans le 20ème arrondissement un ancien loft industriel offrant de vastes puits de lumière est un bel écrin également pour les tentures et autres œuvres textiles de ces amazones contemporaines.
Les questions de l’artisanat face à l’œuvre d’art, d’un art dit féministe et mineur, de l’art brut, traversent tout le parcours, volontairement thématique et fluide d’une salle à l’autre rassemblant 27 artistes et collectifs, reconnus ou émergents, de toutes nationalités et générations.
Les pionnières nous accueillent : Sonia Delaunay, Sheila Hicks, Marinette Cueco (artiste invitée), Judy Tadman rejointes par des hommes : Pierre Daquin, Christian Jaccard, Patrick Saytour, entre art pauvre et approche minimaliste. Rituels animistes ou métaphore de la catharsis chez Cathryn Boch, Alice Anderson et Chiharu Shiota. Autant de maillages de nos vies et de nos liens.
Ces premiers de cordée laissent place au 1er étage (escalier investi par Edith Meusnier) à des revendications identitaires et politiques plus affirmées avec Annette Messager « Tentation », déclinées par le détournement sémantique ou organique chez Joana Vasconcelos, Lilian Bourgeat ou Meschac Gaba.
Mention spéciale pour Laure Prouvost actuellement très remarquée à la Biennale de Venise et ce récit drolatique mettant en scène ses grands parents dans un décor familier mais inquiétant où la télévision prend plus de place que la tapisserie. Caroline Achaintre et le masque ou Rina Banerjee et ses autels invitent à un ailleurs et imaginaire lointain.
En écho au Jardin des Pénélopes de l’Isle sur la Sorgue, le patio parisien doté de peinture jaune méditerranéen, accueille le tapis noué par des tisseuses de l’Atlas, d’Amélie Giacomini et Laura Selleis à base de fibres de carbone. Une œuvre comme symbole de résistance.
Marinette Cueco que l’on avait remarqué à Art Paris cette année avec sa galerie Univer bénéficie d’une carte blanche. Outre son Tondo acquis par la Fondation, c’est une grande variété d’œuvres qui s’offrent à nos yeux : les herbiers bien sûr mais aussi les « Herberies »accumulations végétales spontanées, les graphiques destinées à être accrochées au mur, les spectaculaires constituées d’éléments de décor en volume et enfin les éphémères réalisées in situ souvent dans une forêt ou un pré. Cette ethnobotaniste n’a pas fini de nous fasciner.
De ces approches séculaires l’art textile et son émancipation ouvre un nouveau champ des possibles qui séduit de plus en plus d’artistes. Sorti de son purgatoire il entend bien participer et prolonger cette remise en cause des catégories et classifications de l’art pour offrir un maillage fécond, nourri d’influences toujours plus nombreuses.
Commissariat : Jules Fourtine et Pauline Ruiz
Catalogue de 168 pages en vente à l’accueil
Actuellement à la Fondation Villa Datris :
Bêtes de scène
Par Marie de la Fresnaye
Infos :
jusqu’au 29 juin
Espace Monte-Cristo, Paris