Les 30 ans du Carré d’Art de Nîmes

 

Ouvert en mai 1993, le musée conçu par Norman Forster au sein du centre historique de Nîmes, s’est vite imposé comme un des lieux importants de l’art contemporain en France. Son directeur actuel, Jean-Marc Prévost, a œuvré depuis son arrivée à élargir la collection aux nouvelles réalités et géographies du monde (Moyen Orient, Asie…) afin de célébrer la richesse et l’importance de la collection mais aussi affirmer le rayonnement du musée dans le monde de l’art.

 

Au-delà de l’accrochage spécialement conçu au sein du Carré d’Art, Jean-Marc Prévost a tenu à associer l’ensemble des musées nîmois. Pour l’heure, il expose le duo d’artistes américains Gerard & Kelly et la cinéaste et peintre d’origine palestinienne et nord-irlandaise Rosalind Nashashibi.

M.D.F.  Comment Gerard & Kelly s’intègrent-ils dans la programmation du Carré d’Art ?

J.M.P. Les artistes Gerard & Kelly, dont c’est la première exposition en Europe, construisent une archéologie, d’où le choix du titre Ruines avec des concepts cachés inhérents aux icônes architecturales d’avant-garde. Leur projet Modern Living interroge les nouvelles relations dans l’histoire du XXème que l’architecture moderne entretient en termes d’usages à partir de la Schindler House de Los Angeles et de la Glass House de Philip Johnson dans le Connecticut, toutes deux expérimentales. Outre Le Corbusier et sa Cité radieuse, les artistes se penchent à présent sur la Villa E-1027 d’Eileen Gray, la Bourse de Commerce à Paris ou la Maison Carrée, le monument romain qui fait face au musée. Leur approche rejoint la programmation du Carré d’Art autour d’artistes qui interrogent la porosité entre la danse et les arts visuels.

M.D.F. Quel regard portez-vous sur la collection 30 ans après ?

J.M.P. C’est l’une des grandes collections publiques françaises, ce qui est largement perçu de l’extérieur mais pas nécessairement par les nîmois eux-mêmes. Elle n’a pas une visée universaliste, comme peut l’être celle du Centre Pompidou, même si plusieurs axes s’en dégagent. Cet exercice de récit permet de réaliser les changements opérés sur trois décennies. Si les premiers achats mettent en évidence une histoire centrée sur les Etats-Unis, l’Allemagne et la France, de nouvelles géographies du monde s’imposent avec une multiplicité de mediums accompagnant cette fabrique de l’image. L’on note aussi que la place des femmes a également beaucoup évolué.

M.D.F. Quels sont les axes de la collection ?

En premier lieu elle s’est orientée vers la peinture et les différents mouvements des années 1960 à 1980 avec un axe international pour l’Italie et l’arte povera ou encore la peinture allemande avec des représentants majeurs. Depuis mon arrivée, j’ai voulu ouvrir sur d’autres scènes, et je me suis intéressé au bassin méditerranéen au sens large. Connaissant bien le Moyen Orient, j’ai acquis un certain nombre d’artistes de cette partie du globe, sans oublier de compléter des ensembles déjà constitués et de donner une visibilité aux femmes et aux questions de genre sans pour autant tomber dans des quotas.

M.D.F. Quel est le cycle d’expositions pour l’anniversaire des 30 ans ?

J.M.P. Au Carré d’Art, l’idée est de montrer toute la richesse de la collection, même si c’est toujours une gageure étant donné les espaces dévolus. Un choix par essence subjectif que j’ai tenu à partager avec des artistes liés à l’histoire du Carré d’Art tels que Suzanne Lafont, Walid Raad et Tarik Kiswanson.  

L’exposition se prolonge dans toute la ville de Nîmes. Pour le Musée du Vieux Nîmes, réputé pour la fameuse toile de Nîmes à l’origine du « jean bleu », nous avons choisi des artistes de la collection qui engagent une réflexion sur le support textile, de Claude Viallat à des artistes plus contemporains comme Anna Boghiguian.

Le Museum d’histoire naturelle se concentre plutôt sur des œuvres liées au savoir-faire, à la main et la matière avec Jean-Luc Moulène, Jean-Michel Othoniel, Ugo Rondinone, Philippe Favier.

La Chapelle des Jésuites accueille Noé Soulier, nîmois d’origine, dont le dernier projet rejoint sa recherche à la fois chorégraphique et conceptuelle autour de la place du corps dans un écran.

Le Musée de la Romanité présente un artiste contemporain, Olivier Laric, pour la première fois.

Ce parcours dans la ville incitera, nous l’espérons, les visiteurs qui ne viennent qu’au Carré d’Art à aller découvrir les autres facettes de la ville.

 


 

Infos pratiques :

Les 30 ans au Carré d’art du 9 mai-17 septembre

  • La mélodie des choses, Regard sur la collection à partir du 17 janvier 2023
  • Regards sur une collection par Walid Raad et Tarik Kiswanson
  • Regard sur la collection photographique du musée par Suzanne Lafont,
  • Martin Syms, Ugly Plymouths

Programme Hors-les-murs à consulter sur https://www.carreartmusee.com/fr