« Le Partage des Eaux », du land-art en Ardèche

Par Marie Gayet13 septembre 2017In Articles, 2017, Revue #16

Comment inscrire une œuvre dans le paysage d’un parc naturel ? C’est à cette question que s’est confronté David Moinard, directeur artistique du « Partage des Eaux », premier parcours d’art contemporain «  à ciel ouvert » dans les Monts d’Ardèche. Prenant comme inspiration la ligne invisible de partage des eaux, les unes allant vers la Méditerranée, les autres vers l’Atlantique, le parcours des oeuvres réalisées in situ s’est attaché à rendre visible cet axe  souterrain par un dialogue et une mise en regard inédite avec l’histoire, l’architecture et la topographie du site. Sur les vestiges de la Chartreuse de Bonnefoy, le geste minimal de Stéphane Thidet souligne le caractère surréel du lieu et donne à voir la lumière De l’autre côté. Le dispositif 1020 km d’Olivier Leroi, invite à regarder la Loire à travers une vision plus instinctive et sensible. Un film, tourné en hélicoptère, montre l’aspect majestueux du fleuve tandis qu’au sol, des plaques disposées autour du Mont Gerbier de Jonc perpétuent la confusion sur son « vrai » point de départ. A l’Abbaye de Mazan, Un cercle et mille fragments l’installation à la feuille d’or de Felice Varini fait de l’édifice le point central d’un rayonnement qui peut s’étendre à l’infini. Le Phare bleu de 7m de Gloria Friedman, trace un trait  vertical dans le paysage du Moure de l’Abéouradou. Quant à Courant, l’installation de mâts de Huan Yong Ping, construite avec un ingénieur naval sur le site de Notre-Dame des Neiges, elle prend la houle et le vent et inspire l’océan au large. Après avoir imaginé Une Tour à Eau comme réservoir, Gilles Clément, avec le collectif Il y a, propose Les Mires, qui permettent de mesurer à l’œil la ligne invisible et des perspectives lointaines. Car Le Partage des Eaux ne s’arrête pas là. Parmi les Échappées, sur le parcours du Sentier des Lauzes, la galerie Mirabilia présente des photos d’Anouck Durand-Gasselin, qui convoquent autant l’imaginaire que la méthode scientifique et révèlent un invisible inconnu, pourtant naturel. L’artiste elle-même est en charge d’une résidence « Paysages » ponctuant le sentier. D’invisible et d’eau, il est aussi question au Centre d’art Les Roches dans l’exposition  de Charlotte Charbonnel Aquarius, du nom de la constellation du Verseau et de l’ingénieur qui réalisait les aqueducs dans la Rome antique. L’idée de la mythologie se retrouve dans l’articulation environnement et retour aux fondamentaux de l’exposition collective  Le trait de Jupiter, confiée à Evariste Richer par l’IAC de Villeurbanne.

Ajoutons que le designer Eric Benqué a créé du mobilier naturel sur le parcours, que le collectif Toplamak a imaginé un GPS artistique, la GéoPoéticSociety, qui oriente mais offre aussi des récits sur la flore, la faune et l’histoire des paysages traversés et qu’un réseau de lieux partenaires locaux présente des expositions spécialement conçues pour la manifestation.

 

Par Marie Gayet


Infos :

Le Partage des Eaux

Maison du Parc. Domaine de Rochemure, Jaujac

www.pnrma.fr

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