Le lynx ne connaît pas de frontières

 

Joana Neves, critique d’art et commissaire indépendante d’origine portugaise, porte ici un regard parmi d’autres possibles, sur la scène artistique portugaise au travers des œuvres d’une dizaine d’artistes de différentes générations. La question de la temporalité a son importance puisque le pays a effectué « un saut sans médiation du prémoderne au postmoderne »* en raison de la dictature de Salazar (1932-1974).L’exposition permet ce dialogue, issu du mélange des générations, où d’un côté l’universalisme – abstraction et modernisme – apporte une solution quand de l’autre, l’histoire universelle ou personnelle  est au cœur de la création. Territoire circonscrit par des frontières et déterritorialisation sont bien évidemment évoqués dans le titre mais aussi dans les déplacements des artistes et leurs influences. Carla Filipe explore le fonctionnement de la mémoire en mêlant sa propre histoire à l’histoire collective. Otelo Fabiao utilise des matériaux de différentes sources- animales, végétales et minérales – qu’il associe pour former d’étranges reliques. Angela Ferreira interroge les contextes géopolitiques et les relations entre Europe et Afrique, au travers d’installations associant sculptures, photographies et vidéos. L’idée de filiation transparait dans la séance d’invocation spirituelle de la vidéo d’ Igor Jesus. Diogo Pimentao, héritier des principes du modernisme et probablement influencé par le travail peu connu en France de Fernando Calhau, propose des dessins dans l’espace. Ses « all over » recouverts de graphite, aux reflets irisés où les traces des outils sont perceptibles, rendent compte de l’énergie du geste et d’un travail sur le volume qui invite à la méditation dans un hommage évident au minimalisme.

Ne manquez pas cette belle occasion de découvrir ces artistes qui déjà regardent vers d’autres horizons…

 


INFOS :

Fondation Ricard
12 rue Boissy d’Anglas, Paris 8e
du 24 mars au 9 mai