Le décor à l’envers : Centre Tignous

L’histoire des mutations du 116 – nouvellement rebaptisé Centre Tignous, est le théâtre d’une réflexion sur la vie cachée du bâtiment à la peau de fer rouillé. Les artistes sont invités à construire des embryons de fiction par des pratiques détournées.

Aussi est-ce tout le dispositif muséal qui bascule : un paillasson en hauteur en guise de bienvenue devient arc en plein cintre tandis que l’on passe sous une corne d’abondance qui s’étire dans un angle telle une poutre.

Abritée par le cossu plafond à caissons de la maison de maître, une cheminée XIXè met en abîme le foyer par un entrelacement de tuyaux fuyant entre les lattes d’un rideau de bureau, tandis que les réseaux apparents des canalisations s’oxydent in vivo, générant le pigment vert-de-gris. Une mini piscine à roulettes est déposée sur une mosaïque d’époque. Un banc questionne le voile entre objet d’art et design.

Des tambours modulaires s’empilent en colonnes, sondant, telles des carottes en maçonnerie, l’histoire des styles, emberlificotant nos certitudes quant à l’aspect du matériau : granite en résine, bronze en argile.

Dans la volière, un isolant composite, sous une échelle de chantier, se déroule en tapis tenu par une main fantomatique surréaliste : peut-être celle de la fameuse ‘Inconnue de la Seine’, jeune noyée dont trois versions du mythique masque mortuaire culminent sous la verrière, souriant à deux mascarons archéologiques déposés sur un coussin au sol.

Une table couverte de mousse vivante aux vertus culinaires côtoie des paravents en médium gravés et brossés au graphite. L’hôte a oublié dans la cage d’escalier un blouson imprimé ‘fresques murales’.

Si l’on dit d’une maison qu’elle a une âme, il s’agira ici de celle de Méliès qui inspira la commissaire, Céline Poulin.

Avec : Tiphaine Calmettes, Guillaume Constantin, Jean-Alain Corre, Alice Laguarda, Nathalie Leleu, Ricky Hollywood, Arthur Tiar, Anne Touquet, Pauline Toyer, Syndicat, Marion Verboom.