Le come-back parisien de Maurizio Cattelan

Par Gilles Kraemer16 octobre 2016In Articles, 2016, Revue #14

Avec All au Guggenheim de New York à l’hiver 2011-2012, Maurizio Cattelan (né en 1960) avait-il tout dit après avoir exposé ses sculptures suspendues dans l’immense puits de lumière de la rampe hélicoïdale de l’institution new yorkaise ? Devait-on le croire ? Quatre ans et demi plus tard, le voici de retour. À la Monnnaie de Paris. D’une façon teintée d’humour, il évoque « une exposition post requiem. Comme dans la nouvelle de Poe, je fais semblant d’être mort, mais je peux encore voir et entendre ce qui se passe autour » dans un choix d’œuvres emblématiques générant toujours surprise ou fascination. « Je suis beaucoup plus sérieux que l’on croit et j’établis moins de second degré que ce que ma réputation laisse penser. Ce qui a pu ressembler à une blague par le passé paraît aujourd’hui beaucoup plus sérieux« .

Dès l’entrée, suspendus, en lévitation : La Donna Crocefissa et Novecento (l’âne). Assis au bord du vide, Tamburino et les roulements de tambours de l’enfant invitent à découvrir la sculpture magistrale de La Nona Ora : le pape Jean-Paul II portant la croix est écrasé par une météorite. Dans l’enfilade des salons, Him, le supposé innocent enfant agenouillée en train de se recueillir face à un mur est, vu de face, le jeune Hitler ! Une surprenante tête jaillit du sol Senza Titolo, c’est celle hilare de Cattelan. All, neuf gisants sculptés en marbre de Carrare posés sur le sol, induisent une réflexion sur la mort alors que Senza Titolo, cheval dont la moitié du corps disparaît dans le mur, renvoie vers la fragilité de la toute puissance. Rire et mort ne font qu’un. « Même pas peur » se plaisent à dire les enfants pour cacher leur angoisse… . « Même pas peur » pourraient dire les adultes, eux-aussi !

 

Par Gilles Kraemer


Infos :

Maurizio Cattelan Not afraid of love

Monnaie de Paris

11, Quai de Conti, Paris 6è

du 22 octobre au 8 janvier 2017